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Solemnity of the Assumption of Mary 1983

Blessed John Paul II was a pilgrim to Lourdes (coming again to celebrate this feast day in 2004, on his last pilgrimage abroad).

Angelus de Bienheureux Jean-Paul II
- en espagnol, français & italien

Chers Frères et Sœurs présents à Lourdes, de toutes nations, car Lourdes a une vocation universelle, où chaque catholique doit se sentir chez lui, près de Marie, nous allons nous recueillir pour la prière de l’Angélus.

Je salue cordialement les pèlerins venus des pays voisins, et particulièrement de l’Espagne, où la Vierge Immaculée a une si grande place.

Amadísimos: En la gran fiesta de la Asunción, tan sentida en España como en América Latina, os invito a confiar siempre en la Virgen Santísima. Que María sea el faro que os lleve a Dios y que a su lado se transformen vuestros corazones y sepáis crear un clima de convivencia fraterna en vuestros hogares y en la sociedad. Con mi profundo agradecimiento por vuestra presencia, os bendigo de corazón.

Ai pellegrini di lingua italiana sempre così numerosi e così devoti va ora il mio particolare saluto. Ogni anno sono molti i pellegrinaggi dei malati organizzati dall’UNITALSI e dall’OFTAL che vengono a Lourdes da Roma come da tutte le diocesi e parrocchie d’Italia tra i quali anche quello dei sacerdoti infermi. Molti sono i gruppi e le famiglie che qui giungono per pregare la Vergine Immacolata. La devozione a Maria sia sempre per voi fonte di profonde consolazioni spirituali e di fiducioso coraggio nel vivere la vostra fede cristiana.

To all the English speaking pilgrims, I offer a special, greeting of grace and peace in our Lord Jesus Christ. May all of you find renewed grace for christian living in realising how much Christ loved his mother whose redemption culminates so magnificiently in the mistery of her assumption. Blesses be Mary’s glorious assumption.

Liebe Pilger deutscher Sprache!

Die Vollendung Marias in der Herrlichkeit ihres Sohnes leuchtet als Zeichen des Trostes und der Hoffnung über diesem Tal der Tränen. Seien wir gesund oder krank: auch unser Leid ist unsichtbar schon jetzt von der himmlischen Herrlichkeit unseres eilandes durchdrungen, Maria starke uns in diesem Glauben!

Serdecznie pozdrawiam Polonię z Francji, Anglii, Belgii i innych krajów, a także współbraci z Ojczyzny. Łączymy się w tym uroczystym dniu z Jasną Górą, i śpiewamy chwałę Wniebowziętej Naszej Pani. Wszystkim “Szczęść Boże”!

Et vous, chers Frères et Sœurs de France, ou d’Europe, qui nous regardez à la télévision ou nous écoutez à la radio, vous êtes aussi des nôtres.

Et sans vous oublier, français des départements et territoires d’outremer, lointains par la distance, mais proches à notre cœur: vous qui contribuez à donner au peuple de France une dimension plus universelle et un nouveau souffle missionnaire . . .

A tous, je souhaite une grande joie,

car nous venons de célébrer à Lourdes Sainte Marie, cette simple femme de Nazareth que toutes les générations depuis deux mille ans disent justement bienheureuse, bénie entre toutes les femmes, mère du Christ Jésus, Fils de l’homme et Fils de Dieu. Aujourd’hui, nous sommes sûrs qu’au ciel, c’est-à-dire dans le rayonnement du Christ, elle brille d’un éclat incomparable, car elle est revêtue de la lumière de Dieu, comme son Fils ressuscité. Elle nous devance tous dans la résurrection. Elle est le prototype de l’Eglise. Et ici même, voilà 125 ans, Bernadette, avant de savoir son nom - “Immaculée Conception” - était saisie de sa beauté, de son bonheur rayonnant, de sa simplicité.

Chers Frères et Sœurs, c’est toujours cette Femme qui rappelle l’amour de Dieu à un monde qui l’ignore ou n’ose plus y croire; c’est elle qui nous rappelle que Dieu a donné son Fils unique au monde, le Verbe, qui s’est fait homme, en elle, par elle; qu’Il a habité parmi nous; c’est elle qui nous fait signe d’approcher de Dieu, de son pardon, de sa Vie, sans craindre de lui ouvrir notre porte, de lui soumettre notre vie. Partout où elle est bien invoquée, la foi au Christ se maintient plus vivace ou refleurit.

Vous avez beaucoup d’occasions dans chacun de vos pays; et notamment en France, de vous sentir proches de Marie. Tant de lieux, tant de sanctuaires portent le nom de Notre-Dame! Tant de clochers annoncent trois fois par jour l’“Angelus”, l’annonce faite à Marie. Il est si simple et si beau de lui répéter: “Je vous salue Marie”. Je vais le faire aujourd’hui avec vous, comme je le fais personnellement chaque jour; et chaque dimanche avec les fidèles qui viennent à Rome.

Nous prierons pour vos familles et spécialement pour toutes les femmes de la terre, pour celles qui s’appellent Marie - auxquelles j’offre mes vœux de fête - et les autres.

Pour que Marie aide les jeunes filles à vivre dans la limpidité avec la force d’âme de Bernadette.
Pour que, dans les familles, les femmes remplissent au mieux leur vocation merveilleuse d’épouses, de mères.
Pour qu’elles tiennent dans l’ensemble de la société le rôle qui leur revient, en témoignant de leur sens de personnes, du respect de la vie, de l’importance de l’amour, du sens du beau.
Pour que, dans leur foi chrétienne, elles soient, au milieu de nous, comme Marie, la “servante du Seigneur”, heureuses de croire en Lui, ardentes à L’aimer et fidèles à Le servir, et qu’elles apprennent ainsi au monde la joie de vivre sous le regard de Dieu.

JPII - Solennité de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie Lourdes (France), 15 août 1983

Discours du Bienheureux Papa Jean-Paul II aux Jeunes
Dans La Basilique Saint-Pie X - en français & italien

Chers jeunes de France, d’Europe et même d’autres continents,
1. Je suis heureux de poursuivre avec vous cette belle méditation.

Nous avons laissé pénétrer en nous la conviction du prophète Isaïe: “Dieu est toujours Sauveur”. En nous s’inscrit également la vision de la première communauté chrétienne de Jérusalem, si fraternelle, rassemblée autour de l’Apôtre Pierre, et si proche de Marie, la Mère de Jésus. Ces hommes et ces femmes qui nous ont précédés sont nos pères et mères, mais aussi nos contemporains dans la foi. Nos louanges viennent de donner déjà l’écho de nos cœurs aux merveilles de l’Alliance de Dieu avec l’humanité. Alors nous allons pouvoir reprendre le Magnificat, jailli du cœur très humble et de la foi ardente de Notre-Dame.

Un certain nombre d’entre vous m’ont fait parvenir des questions. Sans les reprendre une à une, je les garderai présentes à l’esprit, tout au long de cette méditation.

2. “Mon âme exalte le Seigneur!” (Cfr. Luc. 1, 46).

Je tiens d’abord à rendre grâce pour notre communion profonde: les jeunes avec le Pape, et le Pape avec vous!

Béni sois-tu, Seigneur, pour tous ces jeunes, venus faire à Lourdes une expérience de prière, d’amitié fraternelle, de service des malades, une expérience d’Eglise.

Béni sois-tu, Seigneur, pour tout ce que tu nous donnes de vivre à Lourdes, lieu d’espérance pour tant de frères souffrants, lieu de conversion pour qui cherche Dieu sincèrement! Cette espérance et cette conversion sont liées à la présence, parmi nous, de Marie. Et elle-même ne nous visite, mystérieusement, que pour dévoiler une autre présence, bouleversante, celle de Dieu même, en la personne de son Fils tant aimé. Elle nous persuade, comme les premiers disciples, d’aller à Lui en toute confiance.

3. “Bienheureuse Marie, toi qui as cru!” (Cfr. ibid. 1, 45).

Marie nous entraîne d’abord à croire.

A croire dans l’amour de Dieu le Père qui nous entoure constamment: ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui a aimé le premier.

A croire dans la puissance du Christ manifestée dans la Rédemption. Il est le Dieu sauveur, pressenti par Isaïe. Il est la source de vie, surabondante. Il est la vérité de Dieu et la vérité de nos pauvres existences. Il est le chemin de Dieu et le chemin de l’homme, le seul homme pleinement conforme à sa vocation.

A croire en l’Esprit Saint que Marie a accueilli sans réserve et qui nous est donné à nous aussi.

Nous sommes sûrs de cet amour du Dieu Trinité; c’est en nous ouvrant à lui par la foi que nous serons, avec Marie, bienheureux, et que nous recevrons à notre tour le goût et la force d’aimer.

Déjà par le baptême, la confirmation, le sacrement de la réconciliation, l’eucharistie, et bien d’autres gestes communautaires de l’Eglise, le Christ est venu à nous, sans mérite de notre part, parfois sans que nous l’ayons d’abord reconnu.

Que Marie nous aide donc à accueillir d’un cœur simple l’annonce de l’amour de Dieu. A y croire malgré les doutes que la société et notre propre esprit murmurent à notre cœur! Ne craignons pas! Et si ces difficultés demeurent, nous prierons pour progresser dans la foi, malgré elles ou plutôt grâce à elles, car c’est là que s’éprouve notre confiance, notre fidélité. Notre foi, nous saurons la nourrir par l’étude approfondie de la Parole de Dieu et de la réflexion ininterrompue de l’Eglise, de la Tradition vivante. Et nous chercherons à faire la vérité dans notre vie, pour venir à la lumière.

Puissions-nous avoir la foi limpide et trempée de Bernadette: dès l’aube de ses 15 ans, sûre du message transmis par Marie, elle a eu le courage tenace d’affronter les soupçons du monde adulte pour être fidèle à ce qu’elle avait reçu et en témoigner.

4. “Rien n’est impossible à Dieu!” (Cfr. Luc. 1, 37).

Nous accueillons cette promesse de l’ange à Marie. Nous avons besoin de l’espérance qui prolonge la foi. Beaucoup aujourd’hui sont déconcertés, inquiets, ou désemparés devant les sollicitations de notre époque: quel avenir? quel travail trouvera-t-on? qui pourrait bien surmonter les vices de la société? Quels efforts pourraient apporter une solution aux grands problèmes mondiaux de la faim, de h guerre, des atteintes aux droits de l’homme? Qu’est-ce que notre bonne volonté pour tant de monde? Et finalement quel est le sens de cette vie? Certains se sentent inutiles dans un monde vieilli, incapables de faire quelque chose dans un monde fermé; ils doutent même de la valeur de leur condition de chrétien.

Nous ne serons certes pas dispensés d’imaginer et de réaliser un investissement coûteux et patient de notre liberté: l’espérance ne le remplace pas. Mais Dieu nous indique ce que nous avons d’abord à lui demander: L’Esprit Saint, son Esprit, qui renouvelle la face de la terre, parce qu’il renouvelle notre esprit, notre cœur. Marie s’est ouverte à l’Esprit Saint. Le Puissant a fait en elle des merveilles. Il fera en nous de grandes choses. Il nous fera suivre le Christ: en s’arrachant aux tentations de la puissance, de la richesse, de l’orgueil, et en s’attachant à l’idéal des béatitudes, n’a-t-il pas inauguré un monde vraiment nouveau? Dans l’espérance, misons sur lui, il ne nous décevra pas.

5. “Marie se rendit en hâte vers la maison de sa cousine Elisabeth!” (Cfr. Luc. 1, 39-40).

La foi et l’espérance conduisent à l’amour du prochain. Toute existence tire sa valeur de la qualité de l’amour. Dis-moi quel est ton amour, et je te dirai qui tu es.

Marie guide notre regard, notre cœur, nos mains vers les autres, comme dans la maison d’Elisabeth, comme à Cana. Nous ne pouvons nous enfermer dans le cercle étroit de nos intérêts, de nos jugements. Une solidarité fondamentale nous lie à ceux qui nous sont proches, ceux de notre famille, ceux de notre pays, ceux aussi dont on doit se faire le prochain, comme ceux du tiers-monde, car il faut sans cesse nous ouvrir à l’universel. L’amour selon Dieu n’a pas de frontière. Heureux ceux qui font une place à l’enfant qui survient et que certains rejettent. A la personne que la société trouve inutile. A la personne qui souffre dans son corps et dans son esprit. A celle qui a oublié sa dignité humaine.

C’est la même ouverture du cœur qui vous appelle à vous soucier de tout ce qui améliorera le sort des hommes: le respect de la vie et de la dignité humaine, l’avènement d’une plus grande justice, le partage des biens, la fraternité et la paix entre les peuples et les milieux sociaux, l’accueil des étrangers, l’assainissement des mœurs, la promotion d’une culture digne de ce nom, etc. . . . A vous en soucier, à y travailler, par des engagements concrets, et donc à développer vos talents pour mieux servir l’homme dans toutes ses dimensions, les yeux fixés sur Jésus, seul modèle d’humanité.

A Lourdes, nous apprenons en quoi consiste l’amour de la vie: à la Grotte et dans les hôpitaux; il est dans l’aide apportée aux malades. Là-haut, dans la Chapelle des confessions, il est dans l’écoute de toutes les misères morales, le pardon réconfortant` du Christ. L’amour est inséparable de l’esprit de service, qui donne son prix à la vie; à la vie des jeunes. Cet esprit n’est pas seulement une aide: il est un échange, une communion offerte.

6. Siméon dit à Marie: “Ton enfant doit être un signe en butte à la contradiction” . . . “et Marie se tenait au pied de la Croix!” (Cfr. Luc. 2, 34; Io. 19, 25).

Le chemin de l’amour selon le Christ est un chemin difficile, exigeant. Il nous faut être réalistes. Ceux qui ne vous parlent que de spontanéité, de facilité, vous trompent. La maîtrise progressive de notre vie, apprendre à être celui que Dieu veut, demande déjà un effort patient, une lutte sur nous-mêmes. Soyez des hommes et des femmes de conscience. N’étouffez pas votre conscience, ne la déformez pas, appelez par leur nom le bien et le mal. Inévitablement vous connaîtrez les contradictions d’une société dont on connaît bien les vices. Sans se départir de la charité, mais avec courage, il nous revient de construire d’abord en nous-mêmes, la forme de la société que nous voulons pour demain. La foi est un risque.

Le Christ a été un signe de contradiction. Il a offert, jusque dans sa mort, son amitié à tous, avec Marie debout au pied de la croix. Bernadette aussi a connu la contradiction et la souffrance. Ce n’est pas pour les autres seulement qu’elle avait transmis le mot de la Vierge: “Pénitence”. Et elle avait été avertie par Marie de la dureté du chemin: “Je ne te promets pas d’être heureuse en ce monde, mais dans l’autre”.

Ne craignons pas: répondre à cette exigence nous unit vraiment au Christ qui offre sa vie, c’est une source de joie intérieure et une condition d’efficacité de l’Eglise dans le monde.

7. “Le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle, afin de la sanctifier . . . Il voulait se la présenter sans tache ni ride, mais sainte et immaculée!”(Cfr. Eph. 5, 25-27).

Nous aussi, nous aimons l’Eglise. Comme nous la voudrions plus transparente, plus dégagée de toute compromission! Mais nous sommes l’Eglise! Nous ne pouvons pas la critiquer comme si elle nous était extérieure. Si nous aimons ceux qu’elle rassemble, si nous sommes prêts au service, nous pourrons chercher et trouver avec elle des formes de vie nouvelle, un langage vrai. Nous pourrons inventer des lieux où chacun pourra plus aisément répondre à sa vocation. Nous redécouvrirons aussi que la paroisse est le lieu où nous formons un seul Corps, avec nos frères et sœurs de tous les horizons et de toutes les générations. Avec l’Eglise, nous servirons la cause des hommes. Avec elle, dans l’amour et le respect des autres, nous ne craindrons pas non plus de témoigner, de dire et de crier notre foi, car autrement, comment ce monde indifférent pourrait-il la connaître? Nous contribuerons à rendre à l’Eglise, à chacune de ses paroisses, de ses mouvements, de ses séminaires, la jeunesse de l’Esprit!

“Allez, de toutes les nations, faites des disciples”. Ce commandement du Seigneur a été confié à Pierre et aux autres Apôtres.

Et moi, à mon tour, je vous envoie tous en mission, comme baptisés et confirmés. Et chers jeunes, j’ai une chose importante à vous dire: je souhaite qu’un certain nombre d’entre vous répondent “oui” à l’appel du Seigneur, en investissant toutes leurs forces dans son service exclusif. Ce peut être le lieu et l’heure d’y réfléchir devant Marie.

Marie, la mère de l’Eglise, continue à façonner le corps mystique du Christ! Qu’elle nous apprenne à servir l’Eglise!

8. Aux jours de la Pentecôte,

“les disciples se tenaient dans la chambre haute, et persévéraient dans la prière, avec Marie, mère de Jésus!” (Cfr. Act. 1, 13-14).

Marie, apprends-nous à prier. Comme Marie, laissons-nous habiter par la fougue de l’Esprit Saint. Beaucoup d’entre nous ont redécouvert la joie de la prière: penser à Dieu en l’aimant, le louer ensemble, écouter sa Parole. La prière n’est pas d’abord pour nous satisfaire. Elle est dépossession de nous-mêmes pour nous mettre à la disposition du Seigneur, le laisser prier en nous. Elle est la respiration de l’Eglise et la met au diapason de Dieu. Elle constitue un service essentiel dans l’Eglise, le service de la louange, et le service qui permet aux hommes de s’ouvrir au Rédempteur. Elle est à la source et à l’aboutissement de notre engagement. Puissions-nous ne jamais séparer l’action et la contemplation. Et que nos prières convergent vers l’eucharistie, où le Christ lui-même saisit notre vie pour l’offrir avec la sienne et lui faire porter ses fruits.

9. Tout ce que nous avons évoqué nous permet d’envisager la vie véritable. Le Christ veut que nous aimions la vie, que nous donnions autour de nous le goût de vivre et d’aimer. Il est venu pour que nous ayons la vie en abondance.

O Mère, bénie entre toutes les Mères, je te confie les jeunes ici présents les jeunes de l’univers entier. Je te supplie pour tous et pour chacun: donne-leur la grâce d’aimer la vie, de faire totale confiance à ton Fils Jésus-Christ, de collaborer concrètement en Eglise à sa mission de vérité, de justice et de paix!

Et maintenant, avec vous tous, rendons grâces à Dieu en reprenant les paroles de Marie.

Con particular afecto saludo ahora a los numerosos jóvenes llegados de diversos lugares de España y Latinoamérica.

Queridímos: como fruto de este encuentro, os animo a mirar con renovada ilusión la figura siempre viviente de la Madre del Redentor. Que, como ella, sepáis ser siempre fieles a Cristo y a la Iglesia. Y que, unidos por idénticos sentimientos de amor a la vida y a los hermanos, caminéis juntos por la senda que os lleva al Padre. Con mi sincero agradecimiento por vuestra cariñosa acogida, os bendigo de corazón.

I now wish to add a word for all the English-speaking young people. In reflecting on the life of faith, hope and love that we are called to live as members of Christ’s Church, we immediately discover a deep personal need for prayer. Dear young people, it is prayer that keeps us united with Christ. Prayer enables us to persevere in true and generous love for each other, and to make a lasting contribution of service to the world. Let us pray today and always together with Jesus Christ, the Son of Mary and our brother, the Son of God and Saviour of the world.

Liebe Jugendliche aus den Ländern deutscher Sprache! Von ganzem Herzen wünsche ich Euch, daß Ihr noch oft eine solche brüderliche Verbundenheit im gemeinsamen beten erfahren könnt, wie wir sie in diesen Stunden hier in Lourdes erlebt haben. Dann werdet Ihr froh im Glauben und bestärkt in Eurer Verbindung mit Jesus Christus und seiner Kirche. Maria begleite Euch auf diesem Weg mit ihrer mütterlichen Fürsprache!

JPII - Solennité de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie Lourdes (France), 15 août 1983

Homélie du Bénie Jean Paul II
 - en français & italien

1. “Un signe grandiose apparut dans le ciel: une Femme, ayant le soleil pour manteau” (Apoc. 12, 1).

Nous sommes venus aujourd’hui en pèlerinage vers ce Signe. C’est la solennité de l’Assomption au ciel: voici que le Signe atteint sa plénitude. Une femme a pour manteau le soleil de l’inscrutable Divinité. Le soleil de l’impénétrable Trinité. “Pleine de grâce”: elle est pleine du Père et du Fils et de l’Esprit Saint lorsqu’ils se donnent à elle comme un seul Dieu, le Dieu de la création et de la révélation, le Dieu de l’Alliance et de la Rédemption, le Dieu du commencement et de la fin. L’alfa et l’oméga. Le Dieu-Vérité. Le Dieu-Amour. Le Dieu-Grâce. Le Dieu-Sainteté.

Une femme ayant le soleil pour manteau.

Nous faisons aujourd’hui le pèlerinage à ce Signe. C’est le Signe de l’Assomption au ciel, qui s’accomplit au-dessus de la terre et en même temps s’élève à partir de la terre. De cette terre dans laquelle s’est greffé le mystère de l’Immaculée Conception. Aujourd’hui se rencontrent ces deux mystères: l’Assomption au ciel et l’Immaculée Conception. Aujourd’hui se révèle leur complémentarité.

Aujourd’hui, pour la fête de l’Assomption au ciel, nous venons en pèlerinage à Lourdes, où Marie dit à Bernadette: “Je suis l’Immaculée Conception” (Que soy era Immaculada Councepciou).

2. Nous sommes venus ici en raison du Jubilé extraordinaire marquant l’Année de la Rédemption. Nous voulons vivre ce Jubilé près de Marie.

Lourdes est le lieu adapté pour un tel voisinage.

Ici, autrefois, “ la Belle Dame ” parlait avec une simple jeune fille de Lourdes, Bernadette Soubirous, elle récitait avec elle le chapelet, elle la chargeait de certains messages. En venant en pèlerinage à Lourdes, nous voulons entrer de nouveau dans le cadre de cette extraordinaire proximité qui, ici, n’a jamais cessé mais s’est au contraire consolidée.

Cette proximité de Marie constitue comme l’âme de ce sanctuaire.

Nous venons en pèlerinage à Lourdes pour être près de Marie.

Nous venons en pèlerinage à Lourdes pour nous rapprocher du mystère de la Rédemption (Luc. 1, 42-45).

Nul plus que Marie n’est immergé au sein du mystère de la Rédemption. Et nul plus qu’elle ne peut rapprocher de nous ce mystère. Elle se trouve au cœur même du mystère. Nous désirons qu’en l’année du Jubilé extraordinaire batte plus fort en nous le cœur même du mystère de la Rédemption.

C’est pour cela que nous venons ici.

Nous nous trouvons à Lourdes en la solennité de l’Assomption de Marie au ciel, quand l’Eglise proclame la gloire de sa naissance définitive au ciel. Nous voulons - surtout par la liturgie - participer à cette gloire.

Et nous voulons en même temps - par la gloire de sa naissance au ciel - vénérer le moment bienheureux... de sa naissance sur terre. L’Année de la Rédemption 1983 tourne nos pensées et nos cœurs vers ce moment bienheureux.

3. Mais avant tout: la naissance au ciel, l’Assomption au ciel. On peut dire que la liturgie nous montre l’Assomption de Marie au ciel sous trois aspects. Le premier aspect, c’est, dans la maison de Zacharie, la Visitation.

Elisabeth dit: “Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni... Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles... du Seigneur.”

Marie a cru aux paroles qui lui étaient dites de la part du Seigneur, et Marie a accueilli le Verbe qui a pris chair en elle et qui est le fruit de ses entrailles.

La Rédemption du monde a été fondée sur la foi de Marie, elle a été liée à son “Fiat” au moment de l’Annonciation. Mais elle a commencé à se réaliser par le fait que “le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous” (Jn. 1, 14).

Lors de la Visitation, Marie, au seuil de la maison hospitalière de Zacharie et d’Elisabeth, prononce une phrase qui concernait le début du mystère de la Rédemption. Elle dit: “Le Puissant fit pour moi des merveilles: saint est son nom!” (Luc. 1, 49).

Cette phrase, prise du contexte de la Visitation, s’insère, à travers la liturgie d’aujourd’hui, dans le contexte de l’Assomption. Tout le Magnificat prononcé lors de la Visitation devient, dans la liturgie d’aujourd’hui, l’hymne de l’Assomption de Marie au ciel.

La Vierge de Nazareth a prononcé ces mots alors que, par son œuvre, le Fils de Dieu devait naître sur terre. Avec quelle force ne devrait-elle pas les prononcer à nouveau alors que, par l’œuvre de son Fils, elle-même va naître au ciel!

4. La liturgie de cette fête solennelle nous révèle le deuxième aspect de l’Assomption par les paroles de saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens.

L’Assomption de la Mère du Christ au ciel fait partie de la victoire sur la mort, de cette victoire dont le commencement se trouve dans la résurrection du Christ: “Le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité” (1Cor. 15, 20).

La mort est l’héritage de l’homme après le péché originel: “Tous meurent en Adam” (1Cor. 15, 22).

La Rédemption accomplie par le Christ a fait dépasser cet héritage: “Tous revivront dans le Christ, mais chacun à son rang: en tête, le Christ, comme prémices, ensuite ceux qui seront au Christ...” (ibid 15, 22-23).

Et qui, plus que sa Mère, appartient au Christ? Qui, plus qu’elle, a été racheté par lui? Qui a coopéré à sa Rédemption de plus près qu’elle ne l’a fait elle-même par son “ Fiat ” à l’Annonciation, et par son “ Fiat ” au pied de la Croix?

Ainsi donc, c’est au cœur même de la Rédemption accomplie par la Croix sur le Calvaire, c’est dans la puissance même de la Rédemption révélée dans la Résurrection, que trouve sa source la victoire sur la mort qu’expérimente la Mère du Rédempteur, c’est-à-dire son Assomption au ciel.

Tel est le deuxième aspect de l’Assomption que nous révèle la liturgie d’aujourd’hui.

5. Le troisième aspect est exprimé par les paroles du psaume responsorial; et c’est le langage poétique de ce psaume qui l’exprime: la fille du roi, vêtue d’étoffes précieuses, entre pour occuper sa place à côté du trône du roi:

“Pour toujours ton trône, ô Dieu, et à jamais!
Sceptre de droiture, le sceptre de ton règne!” (Ps. 44(45), 7).

Dans la Rédemption se renouvelle le Règne de Dieu, commencé par la création même, puis atteint dans le cœur de l’homme par le péché.

Marie, Mère du Rédempteur, est la première à participer à ce règne de gloire et d’union à Dieu dans l’éternité.

Sa naissance au ciel est le commencement définitif de la gloire que les fils et les filles de cette terre doivent atteindre en Dieu même en vertu de la Rédemption du Christ.

En effet, la Rédemption est le fondement de la transformation de l’histoire du cosmos dans le Règne de Dieu.

Marie est la première des rachetés. En elle aussi, a déjà commencé la transformation de l’histoire du cosmos en Règne de Dieu.

C’est cela qu’exprime le mystère de son Assomption au ciel: la naissance au ciel, avec son âme et son corps.

6. Par l’Assomption de la Mère de Dieu au ciel - sa naissance au ciel -, nous désirons honorer le moment bienheureux de sa naissance sur terre.

Beaucoup se posent la question: quand est-elle née? Quand est-elle venue au monde? Cette question, beaucoup se la posent tout spécialement maintenant, alors que s’approche le deuxième millénaire de la naissance du Christ. La naissance de la Mère devait évidemment précéder dans le temps la naissance de son Fils. Ne serait-il donc pas opportun de célébrer d’abord le deuxième millénaire de la naissance de Marie?

L’Eglise se réfère à l’histoire et aux dates historiques lorsqu’elle célèbre les anniversaires et les jubilés (en respectant les précisions que la science lui apporte). Toutefois, le juste rythme des anniversaires et des jubilés est déterminé par l’histoire du salut. Nous tenons avant tout à nous référer dans le temps aux événements qui ont apporté le salut, et non pas seulement à observer, avec une précision historique, le moment de ces événements.

En ce sens, nous acceptons que le jubilé de la Rédemption de cette année se réfère - après 1950 ans - à l’événements du Calvaire, c’est-à-dire à la mort et à la résurrection du Christ. Mais toute l’attention de l’Eglise est concentrée avant tout sur l’événement salvifique (en plus de la considération de la date), et non sur la seule date historique.

En même temps, nous soulignons constamment que le jubilé extraordinaire de cette année prépare l’Eglise au grand jubilé du second millénaire (l’an 2000). Sous cet aspect, notre Année de la Rédemption revêt également le caractère d’un Avent: elle nous introduit dans l’attente du jubilé de la venue du Seigneur.

Mais l’Avent est tout particulièrement le temps de Marie. C’est en elle seule que l’attente du genre humain tout entier, en ce qui concerne la venue du Christ, atteint son point culminant. Elle porte cette attente à sa plénitude: la plénitude de l’Avent.

Par le jubilé de la Rédemption de cette année, nous désirons entrer dans cet Avent. Nous désirons participer à l’attente de Marie, Vierge de Nazareth. Nous désirons que, dans le jubilé de cet événement salvifique, qui a un caractère d’Avent, soit présente aussi sa propre venue, sa propre naissance sur terre.

Oui, la venue de Marie dans le monde est le commencement de l’Avent salvifique.

Et c’est pourquoi nous faisons le pèlerinage de Lourdes: non seulement pour honorer, par la solennité de l’Assomption, la naissance de Marie au ciel, mais aussi pour honorer le moment bienheureux de sa naissance sur terre (Apoc. 12, 4).

Nous venons en pèlerinage à Lourdes, où Marie (“la belle Dame”) a dit à Bernadette: “Je suis l’Immaculée Conception” (Que soy era Immaculada Councepciou).

Par ces mots, elle a exprimé le mystère de sa naissance sur terre comme un événement salvifique très étroitement lié à la Rédemption, et lié à l’Avent.

7. Belle Dame!
O Femme qui as le soleil pour manteau!
Reçois notre pèlerinage en cette année d’Avent du jubilé de la Rédemption.

Aide-nous, par la lumière de ce jubilé, à pénétrer ton mystère:
- le mystère de la Vierge Mère,
- le mystère de la Reine Servante,
- le mystère de la Toute puissance qui se fait suppliante.

Aide-nous à découvrir toujours plus pleinement, en ce mystère, le Christ,
Rédempteur du monde, Rédempteur de l’homme.

Tu as le soleil pour manteau, le soleil de l’inscrutable Divinité, le soleil de l’impénétrable Trinité. “Pleine de grâce” jusqu’aux limites de l’Assomption au ciel!

Et en même temps...
pour nous qui vivons sur cette terre, pour nous, pauvres fils d’Eve en exil, tu as pour manteau le soleil du Christ depuis Bethléem et Nazareth, depuis Jérusalem et le Calvaire. Tu es revêtue du soleil de la Rédemption de l’homme et du monde par la croix et la Résurrection de ton Fils.

Fais que ce soleil resplendisse sans cesse pour nous sur cette terre!
Fais qu’il ne s’obscurcisse pas dans l’âme des hommes!
Fais qu’il éclaire les chemins terrestres de l’Eglise dont tu es la première figure!
Et que l’Eglise, en fixant le regard sur toi, Mère du Rédempteur, apprenne sans cesse elle-même à être mère!

Regarde! Voici ce que dit le livre de l’Apocalypse: “ Le Dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance.”

O Mère qui, dans ton Assomption au ciel, as expérimenté la plénitude de la victoire sur la mort de l’âme et du corps, défends les fils et les filles de cette terre contre la mort de l’âme! O Mère de l’Eglise!

Devant l’humanité qui semble toujours fascinée par ce qui est temporel - et alors que la “domination sur le monde” cache la perspective du destin éternel de l’homme en Dieu -, sois toi-même un témoin de Dieu!

Toi, sa Mère.
Qui peut résister au témoignage d’une mère?
Toi qui es née pour les fatigues de cette terre: conçue de façon immaculée!
Toi qui es née pour la gloire du ciel! Montée au ciel!
Toi qui es revêtue du soleil de l’insondable Divinité, du soleil de l’impénétrable Trinité,
remplie du Père, du Fils et de l’Esprit Saint!

Toi à qui la Trinité se donne comme un seul Dieu, le Dieu de la création et de la Révélation! Le Dieu de l’Alliance et de la Rédemption. Le Dieu du commencement et de la fin. L’alfa et l’oméga. Le Dieu-Vérité. Le Dieu-Amour. Le Dieu-Grâce. Le Dieu-Sainteté. Le Dieu qui surpasse tout et qui embrasse tout. Le Dieu qui est “tout en tous”.

Toi qui as pour manteau le soleil! Notre Mère! Sois le témoin de Dieu!...
- devant le monde du millénaire qui se termine.
- devant nous, fils d’Eve en exil,
sois le témoin de Dieu! Amen.

JPII - Solennité de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, Lourdes, 15 août 1983

Discours du Pape Jean-Paul II aux Prêtres
Dans la Basilique de Notre-Dame du Rosaire - en français et italien

Chers Frères dans le sacerdoce,
1. Ensemble, dans le souvenir personnel et toujours vivant de l’évêque qui nous conféra le pouvoir de pardonner les péchés, rejoignons le Seigneur Jésus lui-même au soir de Pâques. Selon le récit de saint Jean, les disciples étaient encore enfermés au Cénacle par peur des juifs. Et voici que leur Maître se manifeste à eux, leur montre ses plaies de crucifié, leur souhaite la paix à deux reprises. Ils sont bouleversés d’émotion et de joie. Jésus leur délivre alors un message à la fois simple et solennel: “Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie”. Et, ajoutant un geste symbolique qui fait songer au souffle créateur de la Genèse, il répand sur eux un souffle régénérateur et prend bien soin d’en donner la signification: “Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus”.

2. O Christ, ravive en nous, ravive en tous les prêtres du monde, ce don véritablement pascal! Ce don destiné à faire passer l’humanité, toujours portée vers le péché, de la mort à la vie! En ce soir de Pâques, tu voyais déjà, Seigneur, l’usage que nous ferions de ce don jailli de ton cœur, comme les autres sacrements. Tu savais les heures de fatigue et de joie que nous consacrerions à ce ministère si sublime et si humain. Actuellement il existe des courants de pensée qui relativisent la notion du péché et de ce fait dévaluent le pouvoir, conféré par l’ordination, de le pardonner. Ici, Marie a fait transmettre par Bernadette l’invitation à faire pénitence; et un merveilleux mouvement de conversions n’a cessé de se poursuivre. Combien d’hommes et de femmes, dans la chapelle des confessions, ou ailleurs dans ces sanctuaires, ont retrouvé, grâce à notre ministère, la paix d’un cœur purifié et le courage de la fidélité à l’Evangile!

O Jésus, toi le “grand prêtre qu’il nous fallait, saint, innocent, immaculé . . . élevé plus haut que les cieux”, prends pitié de ceux qui se laissent aller à des concessions inconsidérées aux idées séduisantes, dénuées de réalisme et périlleuses qui minimisent le péché et le pardon! Tu es venu en ce monde pour “guérir et sauver tous les hommes”. Nous te rendons grâce de nous avoir choisis et conformés à Toi, sacramentellement, afin de continuer ta mission de réconciliation des hommes avec Dieu et entre eux.

3. Cette mission est absolument nécessaire, aujourd’hui comme hier! Elle découle de la mission première, rapportée en saint Matthieu: “Allez donc, de toutes les nations faites des disciples . . .”. Or, être ton disciple, Seigneur, c’est “se revêtir de Toi”: ton apôtre Paul l’a souvent rappelé. Par contre, se laisser aller au péché, c’est se dépouiller de Toi. Selon ton enseignement, et avec toute la tradition de ton Eglise, nous croyons que le péché est personnel, en ce sens qu’il compromet ta croissance en nous. Nous croyons également qu’il est social, en ce sens que, s’infiltrant dans les diverses responsabilités que tu as confiées à ton peuple, dans les communautés ecclésiales, dans la société, le péché bloque l’expansion de ta vie parmi nos frères humains et blesse ton Corps mystique qu’est l’Eglise.

4. O Jésus, toi dont les premiers apôtres ont confessé la divinité jusqu’à l’effusion de leur sang, nous voulons admirer la façon dont ils ont parfaitement compris ta mission de Libérateur du péché qui ravage l’esprit et le cœur des humains, même après la grâce du baptême. Nous voulons admirer leur souci d’exercer le ministère de la pénitence et de la réconciliation, que tu leur as conféré sans équivoque possible. Les témoignages de l’Eglise primitive sont nombreux. O Rédempteur de tout l’homme et de tous les hommes, persuade-nous profondément que tu nous as appelés et consacrés pour ce ministère de la réconciliation! Toi qui as simplement et divinement expliqué que la pénitence, la réconciliation sont essentiellement une conversion, un retour vers le Père céleste dont on s’est éloigné, et un retour vers des frères dont on s’est coupé, renouvelle spécialement dans l’oraison, nos dispositions et notre zèle pour ce service ecclésial, générateur de paix et de bonheur impossibles à mesurer.

Au terme de cette méditation sous ton regard, nous sentons très fort combien tu as besoin de notre voix, de notre cœur, de notre geste, enfin de tout notre être sacerdotal, pour accueillir au nom de l’Eglise chacun de nos frères et sœurs désireux et même assoiffés de réconciliation et leur communiquer la réponse de ton Amour miséricordieux et régénérateur; à chacun, à chacune, avec son histoire unique, ses problèmes particuliers et aussi sa place originale dans la communauté des hommes toujours à rétablir, dans l’unité toujours à construire selon ton plan de Salut.

5. Et si hélas, malgré nos efforts pour être disponibles et accueillants, les fidèles sont trop lents à comprendre qui les attend, à travers les gestes miséricordieux de l’Eglise, puissions-nous comprendre le sens de cette épreuve même. Nous sommes évidemment perplexes devant l’abandon du sacrement par beaucoup de fidèles, alors qu’un petit nombre y recourt ou y revient au contraire de façon fructueuse. Nous ferons tout pour instruire et persuader les fidèles du besoin de recevoir le pardon de façon personnelle, fervente, fréquente. Et nous mettrons beaucoup de soin à exercer ce ministère, comme le demande l’Eglise, pour qu’aucun ne s’en écarte, sous prétexte qu’il trouverait formelle ou superficielle la célébration du sacrement. Mais en réalité la négligence à demander le pardon, voire le refus de se convertir, est le propre du pécheur, aujourd’hui comme hier. N’est-ce pas l’action de Dieu qui réconcilie et le pardon qui change le cœur du pécheur? Le prêtre, qui ressent douloureusement l’éloignement de ses frères des sources du pardon, participe à la passion du Christ, à sa souffrance devant l’endurcissement, à son angoisse pour le salut du monde. Il entre lui-même dans le combat spirituel, et il sait qu’il lui faudra, comme le Curé d’Ars, préparer ou prolonger son ministère de pardon par son propre sacrifice. Il est des démons qu’on ne chasse que par la prière et le jeûne. Nous le savions au jour de notre ordination quand l’évêque nous disait: “Prenez conscience de ce que vous ferez, vivez ce que vous accomplirez, et conformez-vous au mystère de la Croix du Seigneur”.

6. O Marie, Mère du Rédempteur, silencieusement et activement présente en ce sanctuaire de Lourdes comme dans toute l’Eglise, nous nous tournons vers toi. Accorde à tous les prêtres de Jésus-Christ la grâce de donner une importance majeure, un temps généreux, une compétence théologique et spirituelle, et une fidélité quotidienne à l’Esprit Saint pour le sacrement de la réconciliation dont les chrétiens ont tant besoin; car c’est le sacrement où les frères sont réconciliés par Dieu, le sacrement qui prépare à célébrer l’Eucharistie, à vivre en vérité la communion de l’Eglise Corps du Christ!

Frères bien-aimés dans le sacerdoce, je bénis au nom du Seigneur le ministère que vous allez accomplir ici même à Lourdes, et celui que vous accomplirez jusqu’au terme de votre existence sacerdotale.

JPII - Lourdes (France) Lundi, 15 août 1983 - © Copyright 1983 - Libreria Editrice Vaticana

Discours du Pape Jean-Paul II aux Religieuses
Dans la Basilique de Notre-Dame du Rosaire - en français et italien

"Mes Chères Sœurs,
1. Je viens de rappeler aux prêtres leur ministère sublime et exigeant de réconciliation des pécheurs avec Dieu, qui complète leur ministère eucharistique. Vous n’avez pas la vocation de dispenser ces mystères, encore que vous ayez parfois un grand rôle dans la préparation des âmes à les recevoir.

Je rappelle souvent aux laïcs, aux baptisés, leur mission prophétique et royale pour manifester leur foi dans leurs milieux familial, social, professionnel, politique, artistique, scientifique, inscrire les valeurs de l’Evangile au cœur de ces réalités humaines complexes. Baptisées, vous héritez aussi de ce rôle, surtout si vous êtes des religieuses de vie active. Dans ce dernier cas, on vous dit de plus en plus: vous représentez pour l’Eglise des forces vives considérables; elle compte sur vous pour compléter et soutenir le ministère du prêtre en paroisse, pour remplir une tache éducative, sanitaire et sociale qui correspond si bien à la charité ecclésiale; pour accompagner les chrétiens dans les catéchèses ou les mouvements, pour toute œuvre missionnaire, etc. . . . Le champ d’apostolat est immense, et vous y apportez une telle disponibilité, une telle compétence!

2. Et pourtant, mes chères Sœurs, ce n’est pas cela qui vous définit. Votre vie religieuse est d’abord une vie consacrée à Dieu. Et je dirais qu’une manifestation de cette consécration est la gratuité dans l’amour. Vous êtes d’abord dans le monde les témoins privilégiés de cette gratuité de l’amour, et c’est sans doute ce que Dieu désire le plus pour ce monde, avant de considérer votre “utilité” à la société; c’est cela que l’Eglise attend de vous, pour son témoignage, avant d’envisager vos multiples services utiles et efficaces.

Oui, d’abord la vocation que vous avez ressentie et qui a été éprouvée par votre Congrégation est un don gratuit de l’amour de Dieu. Pourquoi vous, plutôt que votre sœur ou votre amie? Marie était choisie gratuitement par Dieu. Et Bernadette l’a été pareillement pour porter son message. Est-ce que vous êtes, comme elles, suffisamment reconnaissantes au Seigneur de ce don inouï?

Et votre réponse d’amour au Seigneur doit être également marquée par la gratuité. Par le don de votre vie au Christ, comme à l’Epoux, vous manifestez que le Seigneur mérite d’être aimé pour lui-même, que le Royaume de Dieu selon Jésus - avec son apparente “folie” - mérite qu’on y consacre sa vie, que les réalités de l’au-delà existent si intensément que vous voulez en vivre l’avant-goût.

Si vous êtes contemplatives, cet aspect est évident: la gratuité de votre vie de prière et de pénitence étonne, séduit ou irrite le monde, mais ne le laisse jamais indifférent, surtout aujourd’hui. Mais si vous menez une vie active les gens doivent pouvoir aussi reconnaître facilement Celui auquel vous consacrez votre vie.

3. La gratuité de l’amour doit encore animer les multiples services ou apostolats que vous accomplissez dans l’Eglise. Vous voulez servir les hommes et les femmes qui vous entourent, et beaucoup de vos Congrégations n’ont pas hésité à aller aux plus pauvres, aux plus marginalisés, aux plus atteints dans leur santé, à ceux que beaucoup d’instances dans la société négligent comme non “rentables”, mais que vous aimez, vous, pour eux-mêmes, témoignant que la vie humaine est toujours aimable et digne de respect, parce que le Christ l’aime. Et il en est de même pour toutes celles qui se dévouent sans compter pour que les âmes d’enfants, de jeunes, d’adultes s’ouvrent librement à la foi.

Dans votre vie communautaire aussi, vous vous appliquez à vivre dans une profonde charité entre sœurs qui ne se sont pas choisies.

4. Vos vœux religieux vous aident précisément à vivre cette gratuité: l’obéissance qui vous rend disponibles à l’autre, la pauvreté qui vous rend désintéressées, la chasteté qui vous libère d’une relation possessive.

Au cœur de votre vie consacrée, il y a l’Eucharistie, reçue chaque jour et adorée dans un oratoire de votre maison ou proche de chez vous. C’est dans ce sacrement que se nourrissent votre prière de contemplation et votre action apostolique ou charitable. Car de même que l’Esprit Saint transforme les oblats à la messe au corps et au sang du Christ, il doit vous transformer pour faire de vous une offrande à sa gloire, une offrande gratuite. Cette gratuité sera votre joie et votre premier témoignage.

Bien sûr, votre activité sera féconde dans l’Eglise. Et même peut-être la plus féconde! Mais vous n’avez pas à rechercher à tout prix cette fécondité, même apostolique: elle viendra par surcroît. Comme dans la vie de la Vierge Marie. Comme dans la vie de Bernadette. A Bernadette, il a suffi d’aimer. Sa vie religieuse a semblé misérable, pour ce qui est de la santé, et inutile, lorsqu’elle était à Nevers. Et pourtant! En fait le témoignage qu’elle a laissé au monde est singulièrement fort, pur, transparent.

Voilà ce que je vous souhaite. En vous bénissant de grand cœur, vous et vos Congrégations représentées. Je bénis aussi vos sœurs malades et celles qui n’ont pas pu venir. Allez dans la paix et la joie du Christ!

JPII - Lourdes (France) Lundi, 15 août 1983 - © Copyright 1983 - Libreria Editrice Vaticana