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St John Paul II's 1st Apostolic Visit to Alto Volta

Saturday 10th May 1980

Pope St John Paul II was a pilgrim to Upper Volta (now Burkina Faso) for the first time in 1980 during his first pilgrimage to Africa, his 5th apostolic journey, on which he also visited DR Congo (then Zaire), Congo-Brazaville, Kenya, Ghana and the Ivory Coast. JPII returned to Burkina Faso in 1990.

Pope St John Paul II spent the day in the capical, Ouagadougou, where his pilgrimage included:
Welcome ceremony in Alto Volta, Ouagadougou, Meeting with the President and people of Alto Volta, Holy Mass, Meeting with the Bishops of Alto Volta and with families at the Farewell ceremony.

Discours du Pape St Jean-Paul II à l'arrivée en Haute-Volta
Ouagadougou, samedi 10 mai 1980 - also in Italian, Portuguese & Spanish

"C’est avec une grande joie au cœur que j arrive ici, en Haute-Volta, et que: je salue avec respect et sympathie Son Excellence le Président de la République, ainsi que les hautes Autorités qui sont venues m’y accueillir, et qui viennent de me souhaiter la bienvenue avec une cordialité si profonde qui exprime aussi, je le sais, les sentiments de toute la nation Voltaïque et qui me touche si vivement.

Avec quelle joie, je le répète, j’ai accueilli l’invitation délicate du Gouvernement de Haute-Volta, qui a si bien compris le but purement spirituel de mon voyage en Afrique, et qui a consenti à organiser en conséquence cette trop brève étape dans sa capitale. Je désire donc que mes premières paroles soient pour exprimer, avec ma reconnaissance, les vœux fervents que je forme auprès du Dieu Tout-Puissant pour ce pays et son peuple laborieux et fier, pour ceux qui en portent la responsabilité, et pour tous ses citoyens.

Je salue tous les croyants. Non seulement les chrétiens, mais ceux qui ont en commun avec eux la croyance au Dieu unique et miséricordieux, qui ont à cœur de soumettre leur vie au Tout-Puissant dans la religion islamique ou qui sont animés de sentiments religieux selon leurs traditions ancestrales.

Vous me permettrez de saluer avec une affection particulière, et d’abord en la personne de mon frère le Cardinal Paul Zoungrana et de mes frères les évêques de ce pays, tous mes fils et filles catholiques.

Je suis venu pour vous! Avant de retourner vers son Père au jour de l’Ascension, Notre-Seigneur avait ordonné à ses Apôtres: “Allez dans le monde entier porter la Bonne Nouvelle!”. Bien des siècles se sont écoulés avant que votre cher pays ne reçoive l’Évangile, et voici qu’en moins d’un siècle, chez vous, la semence est devenue un grand arbre; et voici maintenant que le successeur de saint Pierre met ses pas dans les pas de ceux qui vous ont apporté l’Évangile, les fils du grand Cardinal Lavigerie, les évêques infatigables tel Monseigneur Thevenoud, dont tant parmi vous se souviennent avec émotion. Et je rencontre maintenant, chefs de vos Églises diocésaines et successeurs des Apôtres, donnés tout entiers comme eux au service du Seigneur, des fils de la Haute-Volta, qui m’accueillent chez eux, chez vous.

Au peuple de Haute-Volta, à son Président, aux membres de son Gouvernement et aux Représentants de l’Église venus m’accueillir si chaleureusement, je redis mes remerciements et mon salut cordial. Je sais aussi que beaucoup sont venus du Togo; à eux tous, mon salut très chaleureux et cordial. Merci et salut à tous! Puisses le Seigneur, le Dieu Tout-Puissant, vous combler tous de ses bénédictions!"

Discours de St Jean-Paul II au Président de Haute-Volta et à la Nation
Ouagadougou, samedi 10 mai 1980 - also in Italian, Portuguese & Spanish

"Monsieur le Président,
1. Dès mon arrivée, tout à l’heure, j ai voulu exprimer publiquement ma joie de répondre à l’invitation si cordiale qui m’avait été adressée, aussi bien par Votre Excellence au nom de la République de Haute-Volta, que par les évêques du pays. A l’occasion de cette rencontre avec les plus hautes Autorités de l’État, qu’il me soit permis de leur redire mes sentiments de profonde gratitude, et de leur présenter mon salut respectueux.

Je suis fier et heureux de pouvoir venir trouver, chez lui, le Peuple voltaïque. Je viens à lui comme un frère qui, pour cette raison même, souhaite mieux le connaître afin de lui être plus proche encore. Mes paroles veulent être des paroles d’amour et de paix, pour tous, pour les chrétiens, et aussi pour ceux qui appartiennent aux religions ancestrales ou à l’importante communauté islamique du pays. Nous avons des valeurs religieuses en commun.

Nous devons donc, à plus forte raison, nous respecter les uns les autres, et reconnaître à chacun le droit de professer librement sa foi. Ceci vaut mutuellement pour chacun de nous. Je viens par conséquent comme un homme de Dieu, parler à tous le langage du cœur, que tous les habitants peuvent comprendre s’ils l’écoutent. A ce niveau, il n’y a pas de différence entre les hommes, tous façonnés par la main du Créateur, tous appelés à vivre dans la fraternité, à s’entraider, et à rechercher les valeurs spirituelles.

Ma pensée et mon affection rejoignent donc en ce moment tous et chacun des Voltaïques, les jeunes comme les sages vieillards, les familles, les parents, les pauvres, les malades, les travailleurs du pays - qu’ils soient dans leur patrie ou à l’étranger - qui apportent leur concours au développement malgré tant de difficultés naturelles. Je les salue en la personne de ceux qui portent la charge de les guider, avec la conscience de leur grande mission. A tous, je renouvelle les vœux que mon prédécesseur le Pape Paul VI leur a adressés en bien des circonstances, et en particulier lorsque Votre Excellence lui fit, il y a quelques années, l’honneur d’une visite au Vatican [18-19 juin 1973].

J’évoquerai personnellement ma satisfaction d’avoir pu m’entretenir, le 13 juillet dernier, avec Monsieur le Premier Ministre de la République.

2. Si de précédentes étapes de ce voyage pastoral ont offert déjà l’occasion d’aborder certains problèmes plus spécifiques du continent africain ou de la place qui, dans le monde, revient au génie propre de celui-ci, j’ai eu pour préoccupation essentielle leur dimension religieuse et morale, le désir de dialoguer au nom de l’homme pris dans son intégralité [JPII, Speech to UN, 2 Oct 1979].

L’Église catholique n’entend donc en aucune manière peser sur les responsabilités propres des gouvernants. Elle aime toutefois à se souvenir que, dans l’esprit de son Fondateur, la notion de pouvoir; est inséparable de la notion de service, et que d’une certaine manière tout pouvoir étant reçu d’en-haut, il doit être exercé selon Dieu [cf Jn 19, 11].

Tel est bien le souci qui l’anime quand elle s’adonne, par exemple, aux œuvres d’éducation, pour contribuer elle aussi à la formation de ceux qui auront à prendre le relais du développement et de l’avenir de leur pays: préparer des hommes et des femmes habités par l’idéal du véritable service public, honnêtes, désintéressés et soucieux du bien commun de la population.

En ce domaine, l’Église en Haute-Volta a déjà fourni une collaboration loyale au progrès du pays. Elle la poursuit aujourd’hui dans la mesure de ses possibilités, avec la conviction de l’importance de cette tâche. Je ne doute pas que son enseignement catéchétique ne soit ouvert, par ailleurs, à l’ensemble de la vie, de manière à former en profondeur l’homme de demain, au service de son pays et des plus nobles idéaux.

3. De la même façon, elle ne demande qu’à être présente partout où elle peut aider la dignité de l’homme, du citoyen, avec des moyens pauvres mais la générosité d’un cœur prêt à partager.

Puisse-t-elle persévérer dans cet élan qui quatre-vingt ans après le début de l’évangélisation, n’a jamais faibli, la poussant à prendre sans cesse de nouvelles initiatives, dans le respect des consciences et la loyauté à l’égard du pouvoir civil. Je fais pleine confiance aux évêques du pays et à mon cher collaborateur le Cardinal Paul Zoungrana, pour rester fidèles à cette ligne inspirée par le sens d’une fraternité authentique.

4. Il est certain que, nourries d’une commune volonté de dialogue, les relations entre le Saint-Siège et la République de Haute-Volta continueront à se renforcer á l’avenir. C’est mon vœu très cher, dont je tiens à faire part; à Votre Excellence et à tous nos auditeurs. Cette étape de mon voyage en soit l’attestation, avec la joie que j’éprouve à passer cette journée à Ouagadougou, au milieu du cher Peuple voltaïque! Merci de votre hospitalité, Monsieur le Président, merci de votre accueil et de tant d’égards pour mon humble personne."

Homélie du Pape St Jean-Paul II à la Sainte Messe à Ouagadougou
samedi 10 mai 1980 - also in Italian, Portuguese & Spanish

"Chers Frères et Sœurs dans le Christ,
1. « Les pauvres et ceux qui sont dans le besoin cherchent de l’eau... moi, dit le Seigneur, je les exaucerai... Je changerai le désert en étangs... » [Is 41, 17-18]. « L’eau que moi je lui donnerai deviendra une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle! » [Jn 4, 14].

Voilà la leçon contenue dans la Parole de Dieu que nous venons d’entendre; voilà la leçon que le Seigneur nous donne!

Moi, je suis l’eau vive, a dit encore le Seigneur, je suis la source de l’eau qui donne la vie. Pour puiser à cette source êtes venus ici, ce matin, pour écouter la Parole de Dieu que vous propose celui que la Providence divine a choisi pour être le Chef de son Eglise, pour être comme saint Pierre son porte-parole auprès de tous les fidèles, en union avec les évêques, les successeurs des Apôtres.

C’est avec une profonde émotion que je vous regarde, mes frères et mes sœurs de l’Eglise qui est en Haute-Volta. C’est un désir de mon cœur qui se réalise aujourd’hui: venir témoigner auprès de vous, dans votre pays même, de l’amour de Dieu notre Père et de son Fils Jésus-Christ, de son amour pour chacun de vous. N’est-ce pas là une grande joie qui doit remplir notre cœur, de pouvoir dire, de pouvoir proclamer: Dieu m’aime! Oui, Dieu vous aime, où que vous soyez: dans vos cités, vos villages et vos familles, au marché comme sur les sentiers: Dieu vous aime partout et toujours!

Votre présence ici témoigne aussi de votre affection pour l’Eglise qui vous apporte ce message d’amour. Quand je vous regarde, mon cœur est rempli de fierté, car je sais que vous avez accepté le Message d’amour avec joie et gratitude; car je sais que vous êtes attachés à l’Eglise et que vous voulez être les témoins de l’Evangile avec générosité et courage.

2. Mon séjour parmi vous sera court; trop court pour moi, car j’aurais voulu vous rencontrer partout, dans vos paroisses, vos écoles et vos maisons; trop court aussi pour vous, car je sais que beaucoup qui l’auraient voulu ne peuvent pas être ici ce matin, ceux qui habitent loin, ceux qui sont malades ou souffrants, ceux qui doivent travailler, et ceux qui sont encore trop petits! A tous ceux qui ne sont pas présents, je dis: le Pape vous salue et vous bénit!

Et je salue aussi avec affection mon frère le Cardinal Paul Zoungrana, qui fut un des trois premiers prêtres de votre pays et qui est maintenant le grand et fidèle pasteur de cet archidiocèse de Ouagadougou. Je salue avec lui mes frères dans l’épiscopat, ainsi que mes frères et sœurs de tous leurs diocèses: Ouagadougou, Koupéla, Bobo-Dioulasso, Diébougou, Fada N’Gourma, Kaya, Koudougou, Nouna-Dédougou et Ouahigouya!

Je voudrais vous saluer un à un, mes frères dans le sacerdoce, prêtres que le peuple de Haute-Volta a généreusement donnés au Seigneur, et prêtres qui sont venus de loin pour le service de l’Evangile parmi vous. Vous tous, religieux et religieuses, et catéchistes, qui vous donnez avec dévouement à votre tâche d’évangélisation. Et vous, femmes chrétiennes: sur vous aussi repose une grande partie de l’avenir et de ses espérances pour l’Eglise et pour votre peuple; mères de famille et jeunes filles, qui êtes ou qui serez responsables avec vos époux de la formation de vos enfants. Je salue les anciens, les pères de famille qui travaillent péniblement pour les leurs, les hommes, les jeunes gens et les enfants. Tous, je vous salue, vous aussi qui êtes venus si nombreux du Togo, je vous salue, au nom de l’amour qui nous unit dans une seule Eglise, dans la grande famille de Dieu!

3. Dans l’évangile que nous avons écouté ensemble, Jésus nous a parlé de la soif et de l’eau. Il s’était arrêté auprès d’un puits, un puits profond, que le patriarche Jacob avait creusé avec beaucoup de peine pour sa famille et pour ses troupeaux. C’est là que l’on venait puiser. C’est là que Jésus rencontra une femme de Samarie. Elle venait chercher l’eau nécessaire pour les besoins de la maison. Elle avait besoin d’eau pour sa soif, mais, sans bien le savoir, elle avait encore plus soif de la vérité, de la certitude d’avoir, malgré ses péchés, une place dans l’amour de Dieu. Elle avait soif de la parole de Jésus et de cette vie de l’âme qu’il est seul à pouvoir nous donner.

Tous, nous sommes, comme cette femme, assoiffés de la vérité qui vient de Dieu. Vérité sur nous-mêmes, sur le sens de notre vie, sur ce que nous pouvons et devons faire, dès maintenant, où que nous soyons, pour répondre à ce que Dieu attend de chacun d’entre nous, pour faire vraiment partie de sa famille et vivre en enfants de Dieu. Je connais vos difficultés, et l’extrême pauvreté de tant d’entre vous, si nombreux, et aussi votre générosité dans le service du Seigneur, et c’est pourquoi, à vous qui êtes fils de Dieu par votre baptême et votre appartenance à l’Eglise, je puis rappeler sa parole: « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice » [Mt 6, 33]! Oui, pour nous, chrétiens, voilà l'essentiel!

4. Pourtant, en méditant l’Evangile, nous ne pouvons oublier que, si les gens de Samarie sont rentrés chez eux portant dans leur cœur la parole de salut, l’eau qui jaillit pour la vie éternelle, ils ont continué aussi à venir puiser l’eau nécessaire pour la vie de leurs corps. Les hommes ont soif d’amour, de charité fraternelle, mais il y a aussi des peuples entiers qui ont soif de l’eau nécessaire à leur vie, dans des circonstances particulières qui sont présentes à mon esprit, maintenant que je me trouve parmi vous, dans cette terre de Haute-Volta, dans cette zone du Sahel. Si le problème de la désertification progressive se pose aussi en d’autres régions du globe, les souffrances des peuples du Sahel dont le monde a été témoin m’invitent à en parler ici.

Dès l’origine, Die a confié à l’homme la nature qu’il avait créée. C’est rendre gloire à Dieu que de faire servir la création à une promotion humaine, intégrale et solidaire, qui permette à l’homme d’atteindre sa pleine dimension spirituelle. L’homme doit donc s’efforcer de la respecter et d’en découvrir les lois pour assurer le service de l’homme. De grands progrès ont été réalisés dans le domaine de l’écologie, de grands efforts ont été accomplis. Mais beaucoup reste à faire, pour éduquer les hommes à respecter la nature, à la préserver et à l’améliorer, et aussi pour réduire ou prévenir les conséquences des catastrophes dites « naturelles ».

C’est alors que la solidarité humaine doit se manifester pour venir au secours des victimes et des pays qui ne peuvent faire face subitement à tant d’urgences, et dont l’économie peut être ruinée.

C’est une question de justice internationale, surtout envers les pays qui sont trop souvent atteints par ces sinistres, alors que d’autres se trouvent dans des conditions géographiques ou climatiques que l’on doit, en comparaison, dire privilégiées. C’est aussi une question de charité pour tous ceux qui considèrent que tout homme et toute femme est un frère et une sœur dont les souffrances doivent être portées et allégées par tous. La solidarité, dans la justice et la charité, ne doit connaître ni frontières ni limites.

5. D’ici, de Ouagadougou, du centre d’un de ces pays que l’on peut appeler les pays de la soif, qu’il me soit donc permis d’adresser à tous, en Afrique et au-delà de ce continent, un appel solennel à ne pas fermer les yeux devant ce qui s’est passé et ce qui se passe dans la région sahélienne.

Je ne puis retracer l’histoire et les détails de cette tragédie: ils sont d’ailleurs dans toutes vos mémoires. Il faudrait évoquer au moins le temps mis à prendre conscience du drame préparé par une sécheresse persistante, puis le mouvement de solidarité qui s’étendit à tous les niveaux, local, national, régional et international. Beaucoup fut fait par les citoyens et les Gouvernements des pays concernés comme par les diverses Institutions internationales. L’Eglise eut aussi sa large part; son action fut soutenue et suivie avec attention par vos évêques et par le Pape Paul VI qui, angoissé dès le début par l’ampleur de la catastrophe, ne ménagea pas ses appels et son appui, en particulier par l’intermédiaire du Conseil pontifical « Cor Unum », dont je suis heureux de saluer ici le Président, le cher Cardinal Bernardin Gantin, qui a bien voulu quitter son Afrique natale et son archidiocèse de Cotonou, au Bénin, pour venir travailler avec le Pape, à Rome. Remercions donc, aujourd’hui, tous ceux qui se sont dévoués, tous ceux qui ont su venir au secours de leurs frères dans le besoin. Puissent-ils entendre un jour le Seigneur leur dire: « J’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire! » [Mt 21, 35]. A travers eux, en effet, Dieu a donné la réponse que nous avons écoutée dans la lecture de cette messe: « Moi, je ne les abandonnerai pas » [Is 41, 17].

6. Et pourtant, que de victimes pour lesquelles le secours est venu trop tard! Que de jeunes dont le développement a été troublé ou compromis! Or le danger n’est pas conjuré. Dès le début de ces événements douloureux qui constituent le drame du Sahel, les conditions de l’avenir étaient étudiées dans votre région au plan intergouvernemental avec l’aide des Nations Unies, des plans ont été élaborés pour lutter contre la sécheresse, ses causes et ses conséquences, pour envisager les remèdes efficaces tels que l’irrigation, le forage de puits, le reboisement, l’érection de greniers à grain, l’introduction de cultures variées et autres.

Mais les besoins sont immenses si l’on veut arrêter l’avancée du désert et même progressivement le faire reculer, si l'on veut que chaque homme, chaque femme et chaque enfant du Sahel ait de l’eau et de la nourriture en suffisance, ait un avenir toujours plus digne d’un être humain.

7. C’est pourquoi, de ce lieu, de cette capitale de la Haute-Volta, je lance un appel solennel au monde entier. Moi, Jean Paul II, Evêque de Rome et Successeur de Pierre, j’élève ma voix suppliante, parce que; je ne peux pas me taire quand mes frères et sœurs sont menacés. Je me fais ici la voix de ceux qui n’ont pas de voix, la voix des innocents, qui sont morts parce que l’eau et le pain leur manquaient; la voix des pères et des mères qui ont vu leurs enfants mourir sans comprendre, ou qui verront toujours dans leurs enfants les séquelles de la faim qu’ils ont endurée; la voix des générations à venir, qui ne doivent plus vivre avec cette menace terrible pesant sur leur vie. Je lance un appel à tous!

N’attendons pas que la sécheresse revienne, effroyable et dévastatrice! N’attendons pas que de nouveau le sable porte la mort! Ne permettons pas que l’avenir de ces peuples reste à jamais menacé! La solidarité d’hier a démontré, par son extension et son efficacité, qu’il est possible de n’écouter que la voix de la justice et de la charité, et non pas celle de l’égoïsme, individuel et collectif.

Ecoutez mon appel!

Vous, les Organisations internationales, je vous prie de continuer le travail remarquable déjà fait; et d’accélérer la mise en œuvre persévérante des programmes d’action déjà élaborés. Vous, les Responsables des Etats, je vous prie d’apporter une aide généreuse aux pays du Sahel, afin qu’un nouvel effort, important et soutenu, puisse porter remède encore plus efficacement au drame de la sécheresse. Vous les Organismes non-gouvernementaux, je vous prie de redoubler vos efforts: sachez susciter un courant de générosité personnelle, des hommes, des femmes, des enfants, afin que tous sachent que le fruit de leurs privations sert vraiment à assurer la vie et le chances d’avenir de leurs frères et sœurs. Je vous prie, hommes de science et techniciens, Instituts de recherche, d’orienter vos travaux vers la recherche de nouveaux moyens de lutte contre la désertification; la science ne progresserait-elle pas tout autant si elle était mise au service de la vie de l’homme? Elle peut et elle doit avoir d’autres buts que la recherche de nouveaux moyens de mort, créateurs de nouveaux déserts, ou même la satisfaction de besoins artificiels créés par la publicité. C'est pourquoi je vous en prie vous aussi, vous qui travaillez dans les moyens de communication sociale, journalistes de la presse, de la radio et de la télévision: parlez de ce problème selon sa vraie dimension, celle de la personne humaine amoindrie et mutilée. Sans rechercher d’effets inutiles, sachez montrer les solutions possibles, ce qui a été fait et ce qui reste à faire. N’est-ce pas une belle tâche que celle qui vous permet d’être les éveilleurs des générosités et des bonnes volontés?

Tous, je vous en prie, écoutez cet appel, écoutez ces voix du Sahel et de tous les pays victimes de la sécheresse, sans aucune exception. Et à vous tous, je dis: « Dieu vous le rendra »!

8. Mais je veux aussi m’adresser particulièrement à vos frères catholiques du monde, à ceux des pays les plus favorisés. Qu’ils méditent la parole si connue de saint Vincent de Paul, un des héros de la charité et de l’amour des pauvres. A qui lui demandait, au soir de sa vie, ce qu’il aurait pu faire de plus pour le prochain, il répondait: « Encore davantage ». C’est la glorie de la charité chrétienne, de cet amour que nous avons les uns pour les autres et qui est répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, de vouloir faire toujours « davantage ». Et c’est pourquoi je vous dis: maintenant, ceux qui ont faim et soif dans le monde sont à votre porte! Les moyens modernes permettent de leur venir en aide. Il ne faut donc pas vous reposer seulement sur les responsabilités politiques nationales et internationales. Au-delà du devoir universel de solidarité, c’est votre foi qui doit vous conduire à examiner vos possibilités réelles, à examiner, personnellement et en famille, si on n’appelle pas trop souvent nécessaire ce qui en réalité est du superflu. C’est le Seigneur qui nous invite à faire davantage.

9. A tous, je dis ma confiance. Elle est fondée sur cet amour du Seigneur qui nous unit, sur notre participation, dans l’immensité du monde, à son unique sacrifice, puisque tous? nous mangeons un même pain, et nous partageons le même calice [cf I Cor 10, 17]. Puisse le Seigneur, que nous allons prier ensemble et qui va venir sacramentellement parmi nous pour que nous le recevions, nous faire progresser dans son amour et faire jaillir en tous les cœurs l’eau de la vie éternelle! Amen."

Discours de St Jean-Paul II aux Évêques de Haute-Volta
Ouagadougou, samedi 10 mai 1980 - also in Italian, Portuguese & Spanish

"Chers Frères dans l’épiscopat,
1. Au fur et à mesure que se déroule ce voyage sut votre terre africaine, je ne me lasse pas de dire ma joie de rencontrer, trop rapidement hélas, ces hommes et ces femmes qui sont l’Église dans vos pays, le royaume de Dieu qui s’implanté et qui grandit chez vous.

Cette joie se fait plus grande encore, lorsque je rencontre les évêques, les chefs spirituels; du peuple nouveau, mes frères dans l’épiscopat. Et je suis particulièrement heureux, comme je l’ai dit, de rendre ainsi sa visite au cher Cardinal Zoungrana, qui fut le premier cardinal africain à venir me voir à Cracovie. Nous avons tout juste le temps, chers frères, d’évoquer quelques pensées qui nous tiennent à cœur aux uns et aux autres.

2. La première, c’est notre unité dans la collégialité. Vous la vivez entre vous; nous la vivons ensemble, reliant l’Église qui est en Haute-Volta à la vie et aux préoccupations évangéliques de l’Église universelle. La collégialité est un élément structurel de l’Église, un mode de gouvernement de l’épiscopat, auquel notre époque, suivant en cela un enseignement important du Concile Vatican II, donne à juste titre un relief particulier. Le fait de bien la mettre en œuvre, vous l’éprouvez certainement chaque jour, est un grand soutien pour notre action pastorale, et aussi un grand espoir pour l’accroissement de son efficacité. Mais c’est d’abord sur des raisons spirituelles, théologiques, que nous devons bâtir notre collaboration épiscopale, la source de notre ministère étant la personne du Seigneur.

Je vous encourage donc à continuer à travailler pour fonder vraiment dans le Christ votre unité et celle de votre presbytérium. Ce dernier est divers; cherchez à ce que sa diversité soit toujours source d’enrichissement mutuel, non de division ou de rivalité. Et pour cela, demeurez vous-mêmes très proches de vos prêtres, très présents à leur vie difficile. Vos paroles et vos exemples sauront orienter toujours davantage vers le service du peuple de Dieu les esprits et les volontés de ceux qui se sont généreusement donnés à cette mission.

Vos diocèses eux aussi sont divers, avec des forces apostoliques variées: il vous faut faire face ensemble aux tâches communes et aux secteurs les plus démunis. Cet esprit de solidarité doit aussi s’étendre en dehors de vos frontières, notamment dans le cadre de la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest, dont Votre Éminence assume la présidence, et même dans le cadre du SCEAM, pour toute l’Afrique et Madagascar. Vous avez à devenir toujours davantage vos propres missionnaires.

3. Ceci m’amène à partager avec vous deux soucis primordiaux pour l’évangélisation et pour la ferveur chrétienne de votre Église en Haute-Volta. Je veux parler de votre souci des vocations, et aussi d’une pastorale qui s’appuie sur le sens proprement africain de la famille.

Outre les “missionnaires” dont tout le monde reconnaît le service hors pair et toujours si précieux comme témoignage de l’Église universelle, vous avez la joie d’avoir de nombreux prêtres, religieux, religieuses, séminaristes voltaïques, ainsi que de nombreux catéchistes. La mission de l’Église en demanderait davantage. C’est une part importante de votre ministère de pourvoir à l’éveil et à la conduite des vocations sacerdotales et religieuses, par une formation solide, qui a fait ses preuves dans l’Église, et bien insérée dans la réalité africaine. Nous ne devons jamais nous lasser d’expliquer le sens profond de cette vocation dans le dessein de Dieu. S’offrir à suivre le Christ en toute disponibilité, au service exclusif de son Royaume, lui consacrer ses forces et son amour dans le célibat, c’est une grâce que ne saurait manquer à l’Église d’aujourd’hui, et donc aux Églises d’Afrique.

Par de tels prêtres, ou religieux, les chrétiens seront aidés à progresser dans la conscience personnelle de leur propre vocation. Parmi eux, les catéchistes, que je tiens encore à encourager par votre intermédiaire, donnent un magnifique exemple de vocation laïque chrétienne mise au service de la mission de l’Église. Paul VI avait tenu lui-même à décorer, voilà cinq ans, le centenaire Simon Zerbo, premier catéchiste voltaïque et pionnier de la foi dans votre pays.

4. Pour cette mission, vous poursuivez, depuis plusieurs années, un effort pastoral visant à manifester que l’Eglise est vraiment la famille de Dieu, où chacun a sa place, où chacun est compris et aimé. Par là, je l’espère avec vous, vos communautés chrétiennes bénéficieront d’un élément profond de structuration, qui constituera aussi un témoignage concret de l’Évangile, et même un appel pour les non-chrétiens. Dans cette conception de la famille se trouve ainsi mis en relief le lien entre une réalité fondamentale et la révélation évangélique et une des valeurs morales caractéristiques de la civilisation de votre peuple.

5. Il y aurait beaucoup d’autres questions. J’ai abordé tout à l’heure celle si grave de la sécheresse au Sahel, qui doit susciter une solidarité plus réelle, plus concertée et plus persévérante dans le monde entier. Je pense également au fait que beaucoup de vos compatriotes adhèrent à l’Islam.

Les deux principales communautés religieuses, catholique et musulmane, doivent donc poursuivre leurs efforts pour s’estimer mutuellement, en respectant de part et d’autre ce que requiert la liberté religieuse bien comprise, et collaborer quand il s’agit de faire face aux besoins humains des populations et à leur bien commun.

6. Avec vous, chers frères, je suis plein d’espoir, malgré les difficultés, et je sais votre attachement profond au Saint-Siège et à l’Église universelle. Le Seigneur ne nous a pas promis une vie et un ministère exempts d’épreuves. Il nous a seulement assuré qu’il avait vaincu les forces du mal à l’œuvre dans l’homme. C’est pourquoi nous devons toujours avoir présentes à l’esprit ses paroles d’envoi en mission prononcées après sa résurrection: “Ne craignez pas... je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde”. Comment pourrai-je mieux vous exprimer mes encouragements?

Les efforts que vous prodiguez sans cesse au service du Seigneur porteront leurs fruits. Que le Seigneur bénisse chacun d’entre vous, et tous ceux ça vous portez dans vos cœurs, prêtres, religieux, religieuses et fidèles tous et chacun de vos diocèses!"

Discours du Pape Saint Jean-Paul II aux Familles
Uagadugu airport, samedi 10 mai 1980 - also in Italian, Portuguese & Spanish

"1. Voici déjà l’heure du départ, la fin de ce trop bref séjour parmi vous, dans votre pays de Haute-Volta, maintenant encore plus cher à mon cœur. S’il faut le quitter, sachez bien que vous resterez tous présents à ma pensée, ceux que j’ai rencontrés et ceux qui n’ont pas pu venir. A ceux-là, chers fils et filles de Haute-Volta, vous saurez transmettre les encouragements et les souhaits du Pape, qui demande au Seigneur Jésus de vous bénir tous, jusque dans le plus lointain de vos villages, dans la plus humble de vos maisons.

2. Et voici la dernière consigne que je vous laisse. Elle résume le message que j’ai voulu faire entendre pendant ce voyage dans les pays d’Afrique, si bien préparés à le comprendre par leur riche tradition sur le sens de la famille et le sens de l’accueil. Je reprends pour cela l’enseignement de saint Pierre, le premier Pape, celui auquel le Seigneur a confié son Église et dont je suis aujourd’hui le successeur parmi vous. Il rappelait aux fidèles: devenez “la maison spirituelle” de Dieu, car vous êtes “le peuple qu’il s’est acquis”[1].

Dans le même sens, le Concile Vatican II a rappelé bien des fois que l’Église est la maison de Dieu dans laquelle habite sa famille[2] et que tous les hommes ont à prendre conscience qu’ils forment une seule famille, et qu’ils sont tous appelés à faire partie de la famille de Dieu[3]. Et cette vérité est à la base de la mission, c’est-à-dire de l’effort pour faire connaître à tous les hommes le salut, l’amour de Dieu pour nous et ses exigences[4].

Alors je vous dis: suivez fidèlement les orientations données par vos évêques, mes frères dans l’épiscopat, pour que vos communautés soient toujours davantage, ici, en Haute-Volta, la famille de Dieu. Que vos manières de vivre soient inspirées de cette profonde vérité. Et j’indiquerai trois points.

D’abord, celui qui fait vraiment partie de la famille ne craint pas de se mettre au service de son Père: ayez donc le souci des vocations. Jeunes, soyez généreux et généreuses pour répondre à l’appel de Dieu s’il vous demande de le suivre dans la chasteté, la pauvreté et le service, pour faire grandir sa famille grâce à vos efforts. Je pense particulièrement aussi aux catéchistes, dont le dévouement est si nécessaire au progrès de l’Évangile. Parents, soyez généreux pour susciter et soutenir les vocations nécessaires à la vie de l’Église en Haute-Volta, et d’abord par votre exemple de vie chrétienne.

Ensuite, celui qui fait partie de la famille de Dieu désire aussi que tous découvrent le même bonheur. A votre tour, soyez les missionnaires de votre propre pays en étant les témoins de l’amour de Dieu pour tous ses habitants.

Enfin, pour la même raison, parce qu’ils veulent être les témoins de l’amour de Dieu pour sa famille, les catholiques de Haute-Volta doivent être toujours des membres actifs et loyaux de leur communauté nationale qui forme elle aussi une grande famille. Votre peuple se partage en effet entre diverses croyances religieuses, traditionnelles, musulmanes et chrétiennes. Cette situation, qui est pour vous un appel de plus à une conduite exemplaire, ne doit pas empêcher, et n’empêche pas, je le sais, les relations de bon voisinage comme la collaboration de tous au service du développement local et national, toujours dans un respect mutuel et réciproque.

C’est pourquoi je suis heureux de saluer encore une fois tout le peuple de Haute-Volta, dont j’ai tant apprécié l’accueil émouvant et chaleureux. Je remercie sincèrement Son Excellence le Président de la République et toutes les Autorités civiles pour la manière délicate dont ils ont rendu possible cette rencontre inoubliable. Je remercie tous les membres de la Presse, pour la diffusion qu’ils ont donnée à mes paroles, et tous ceux qui se sont faits et se feront l’écho de ma voix. Et je remercie enfin tous les Voltaïques sans exception, et tous leurs frères du Togo, qui se sont joints à eux. A tous ceux que sont venus, au prix de tant de peines et de fatigues, je le sais, je dis: merci.

Si je suis obligé de m’en aller, vous savez bien que Notre Seigneur, lui, ne vous quitte pas, qu’il demeure toujours avec vous. En son nom, je vous bénis encore de tout cœur."