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Ste Marguerite Bourgeoys

Foundress of the Congregation of Notre Dame
Born on 17 April 1620 in Troyes, Champagne, Kingdom of France
Died on 12 January 1700 in Fort Ville-Marie, New France, French Colonial Empire (now Canada)
Beatified on 12 November 1950 by Pope Pius XII
Canonized (with St Jeanne Delanoue) on 31 October 1982 by Pope St John Paul II
Major shrine - Notre-Dame-de-Bon-Secours Chapel in Montreal, Quebec
The two miracles that led to her beatification both involved a miraculous cure from gangrene of the foot, gained by Joseph Descoteaux of St. Celestin, Quebec, and John Ludger Lacroix of St. Johnsbury, Vermont
Feast day - 12 January

Homélie du Pape St Jean-Paul II a la Canonisation de Jeanne Delanoue et Marguerite Bourgeoys
dimanche 31 octobre 1982 - in French, Italian & Portuguese

"Cari fratelli e sorelle!
1. “Venite, vedete tutte le opere che Dio ha fatto” (Cantus ad introitum).

Celebriamo oggi ciò che lo Spirito di Dio ha realizzato in Margherita Bourgeoys e in Giovanna Delanoue, vissute circa tre secoli fa. Già il mio predecessore Pio XII le aveva dichiarate “Beate” in base alla eroicità delle loro virtù. Iscrivendole oggi nel numero dei “Santi”, con la certezza e l’autorità che caratterizzano il rito della canonizzazione, noi le proponiamo come esempio non più soltanto alle loro diocesi di Troyes, di Angers, alla città di Saumur o alle due Congregazioni da esse fondate, ma all’insieme della Chiesa, invitando tutti i cristiani ad onorarle come Sante e a ricorrere alla loro intercessione.

Questo dunque è un giorno di gioia e di fierezza per i loro connazionali francesi e canadesi, qui rappresentati da delegazioni importanti. Li saluto tutti cordialmente. Ma questo è soprattutto un giorno di ringraziamento a Dio da parte della Chiesa universale. In questo giorno, che coincide felicemente con la vigilia della solennità di Tutti i Santi, è rafforzata la nostra speranza nella vita eterna, alla quale partecipano in cielo santa Margherita Bourgeoys e santa Giovanna Delanoue, ripiene della presenza di Dio che è Amore. E la nostra vita quotidiana su questa terra è stimolata dal modo con cui esse hanno risposto alla chiamata di questo Amore. Esse lo hanno fatto in forma autentica, cioè del tutto incarnata nel contesto della loro epoca. Ciò che importa, più che imitarle alla lettera, e di imitare con esse Gesù Cristo. Ma le loro intuizioni, ispirate dallo stesso Spirito Santo, restano per noi e per il mondo d’oggi delle preziose indicazioni.

2. Pour comprendre la vocation des deux saintes, une première clé nous est fournie par l’Evangile de cette messe. “Marie se mit en route rapidement ... salua Elisabeth ... Alors Elisabeth fut remplie de l’Esprit Saint et s’écria ...: “L’enfant a tressailli d’allégresse au dedans de moi. Heureuse celle qui a cru””!

C’est bien l’Esprit Saint qui a opéré un changement subit et décisif en chacune des deux nouvelles saintes, quand elles atteignaient l’âge adulte, vingt ans et vingt-sept ans, et cela dans le contexte d’une prière à la Vierge Marie. Pour Marguerite Bourgeoys, c’était en la fête de Notre-Dame du Rosaire, et dès lors, durant toute sa vie, la Vierge a soutenu intérieurement ses initiatives risquées: “Va, je ne t’abandonnerai pas.” Si Marguerite se lance alors dans une vie missionnaire, qui sera une “vie voyagère” gravitant précisément autour de la “Ville-Marie” du nouveau monde canadien, elle imite la Vierge de la Visitation qui apportait à Elisabeth et à Jean-Baptiste, à la mère et au fils, avec les services humains de sa charité, le don divin qu’elle portait en elle, pour les sanctifier. La première chapelle qu’elle fait construire est dédiée à Notre-Dame du Bon Secours, et sa Congrégation le sera à Notre-Dame. De même, la “conversion” de Jeanne Delanoue, survenue dans le temps de Pentecôte, est inséparable du sanctuaire Notre-Dame des Ardilliers, à Saumur, dont une fervente et pauvre pèlerine, Françoise Souchet, lui transmet des exhortations dans lesquelles Jeanne reconnaît l’appel de l’Esprit de charité. Jeanne Delanoue gardera une familiarité mystique avec la Vierge Marie. Et l’exemple du jeune Père Grignion de Montfort ne pouvait que l’encourager dans cette voie.

Certes, la grâce tombait dans un bon terrain; il s’agissait de jeunes filles élevées par des familles sérieuses, besogneuses, bien chrétiennes; mais l’Esprit Saint, par la Vierge Marie, introduit en elles, sans jamais leur enlever une vision réaliste des choses, comme une folie de l’amour, qui sera l’épanouissement de leur grâce de baptisées à un degré extrême. “Heureuses, celles qui ont cru”!

Arrêtons-nous maintenant à un trait spécifique de leur apostolat.

3. Pour sainte Marguerite Bourgeoys, on retiendra surtout sa contribution originale à la promotion des familles, enfants, futurs époux, parents. Elle qu’on a pu appeler à Montréal la “Mère de la Colonie”, elle aurait pu dire comme saint Paul: “Avec vous, nous avons été pleins de douceur, comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons. Ayant pour vous une telle affection, nous voudrions vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais tout ce que nous sommes”.

Déjà, jeune fille à Troyes, elle avait su rejoindre, avec d’autres compagnes, les familles pauvres des faubourgs pour y instruire leurs enfants, et dans sa propre famille de douze enfants, elle avait dû prendre en charge la maison paternelle et l’éducation de ses frères à la mort de sa mère. Mais son souci missionnaire l’ayant attirée au nouveau monde d’Amérique, sur les traces des saints martyrs canadiens, dépouillée de tout, sans bagages et sans argent, elle s’y consacre d’abord aux enfants comme laïque institutrice. Cette œuvre de maîtresse d’école populaire, elle l’accomplit avec compétence, sans faire de discrimination entre les indiennes et les filles de colons français, les estimant toutes précieuses “comme des gouttes du sang de Notre-Seigneur”. Elle veut les préparer à être de bonnes mères de famille, par une éducation complète. Il s’agit bien sûr de les former à la foi, à la piété, à la vie chrétienne et à l’apostolat, mais aussi de les initier aux arts domestiques et aux travaux pratiques qui leur permettront de subsister avec le produit de leur travail et surtout d’ordonner ou d’enjoliver leur vie de foyer, riche ou pauvre. La bienséance et la formation intellectuelle sont également au programme, et le résultat sera que ses filles en sortiront quasi plus lettrées que les garçons, signe précurseur et rare à cette époque d’une authentique promotion féminine. Elle savait faire confiance aux capacités des Indiennes qui ne tarderont pas à devenir maîtresses d’école. Il faut aussi noter cette particularité: au lieu d’attirer les élèves en pensionnat dans la grande cité - c’est d’ailleurs une des raisons qui lui fera refuser une vie cloîtrée pour ses Sœurs de la Congrégation séculière de Notre-Dame -, elle préfère des écoles sur le terrain, proches de la population, sans cesse ouvertes à la présence et aux suggestions des parents, car il importe de ne pas se substituer à eux.

Et Marguerite Bourgeoys estime non moins indispensable de tout faire pour jeter les bases de familles solides et saines. Elle doit alors contribuer à résoudre un problème très particulier à ce lieu et à cette époque. Aux hommes venus en soldats ou en défricheurs sur cette terre du nouveau monde, pour réaliser à Ville-Marie un centre d’évangélisation qui se voulait différent des autres colonisations, il manquait des épouses de valeur. Marguerite Bourgeoys fait chercher et accompagne de son savoir-faire éducatif des filles de France, si possible robustes et de vraie vertu.

Et elle veille sur elles comme une mère, avec affection et confiance, les recevant dans sa maison, pour les préparer à être des épouses et des mères valables, chrétiennes, cultivées, laborieuses, rayonnantes. En même temps, par sa bonté, elle aide ces rudes hommes à devenir des époux compréhensifs et de bons pères.

Mais elle ne s’en tient pas là. Quand les foyers sont formés, elle continue à leur apporter le soutien matériel nécessaire en cas de disette ou d’épidémie, et elle leur procure, notamment aux femmes, l’occasion de goûter ensemble repos, amitié tout en se retrempant dans les bonnes résolutions, aux sources de la spiritualité, dans ce qu’elle appelle les “retraites” et aussi les “congrégations externes”.

Bref, ce que beaucoup s’efforcent aujourd’hui de réaliser avec des méthodes, des institutions et des associations adaptées à notre temps, pour une éducation de qualité, pour la préparation au mariage chrétien, pour une œuvre de conseil et de soutien aux foyers, semble se trouver en germe, sous d’autres modes, dans l’esprit et les initiatives de Marguerite Bourgeoys. C’est pour les chrétiens une grande joie, et un encouragement à mettre plus résolument en œuvre ce que le récent Synode a dit sur la famille et que j’ai proposé à l’Église l’an dernier dans l’exhortation “Familiaris Consortio”. Puisse toute la société actuelle, au niveau de ses plus hautes instances civiles, être convaincue elle aussi qu’aucune solution à long terme ne sera trouvée si on ne redonne pas à la famille sa place centrale et les conditions de sa stabilité et de son épanouissement! Si la famille connaît une crise, que l’on s’acharne, non pas à la critiquer et à l’écarter - ce que redoutait notre sainte - mais à la promouvoir, à lui faire confiance et à la seconder dans l’accomplissement de ses tâches, sans se substituer à son dynamisme propre.

Et n’oublions pas que Marguerite Bourgeoys a été soutenue dans son œuvre étonnante par sa dévotion envers la Sainte Famille et qu’au milieu des pires difficultés - “peines et fatigues” - elle a servi les familles avec la qualité d’amour qui vient de l’Esprit Saint....

5. Chers Frères et Sœurs, je vous laisse maintenant le soin de contempler vous-mêmes de plus près la vie admirable de ces deux saintes. On lisait dans le psaume: “Le Roi est séduit par sa beauté”. Oui, Dieu les a accueillies dans sa joie éternelle. Qu’elles intercèdent pour nous! Pour les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, qui poursuivent l’œuvre éducative et missionnaire de sainte Marguerite Bourgeoys auprès des jeunes et des familles, en tant de pays! Pour les Servantes des Pauvres, Sœurs de Jeanne Delanoue, qui continuent à aller aux pauvres, à les accueillir et à les aider en partageant leurs conditions de vie, afin de leur révéler la tendresse de Dieu! Pour tous ceux qui œuvrent à la promotion des familles et au service des indigents! Pour les communautés diocésaines des deux saintes, et pour l’Église entière, afin que, stimulée par une telle sainteté de vie, elle trace de nouveaux chemins de charité et de miséricorde!

Amen. Alléluia!"

Biography by the Vatican
- also in French

MARGUERITE BOURGEOYS was born in Troyes, in the province of Champagne (France), on Good Friday, April 17, 1620. She was baptized on the same day in the church of Saint-Jean, a church that was located near her home. Marguerite was the sixth child in a family of twelve. Her parents were Abraham Bourgeoys and Guillemette Gamier, and she was privileged to grow up in a milieu that was middle class and thoroughly Christian.

Marguerite was nineteen years of age when she lost her mother. In the following year, 1640, in the course of a procession held on October 7 in honor of Our Lady of the Rosary, she had an unforgettable experience. Her eyes rested on a statue of the Blessed Virgin, and at that moment she felt inspired to withdraw from the world and to consecrate herself to the service of God. With that unchanging fidelity to what she believed to be God's will for her, a fidelity that characterized her life thenceforth, she set about to discern her specific vocation.

She registered, at once, as a member of the extern Congregation of Troyes, an association of young girls devoted to the charitable work of teaching children in the poor districts of the town. While engaged in this apostolate she learned about the foundation of Ville Marie (Montreal) in Canada. The year was 1642, and at that time she sensed a first call to missionary life. This call was rendered concrete in 1652 when she met Monsieur de Maisonneuve, founder and governor of the settlement begun in New France, who was in search of someone who would volunteer her services for the gratuitous instruction of the French and Indian children. Our Lady confirmed the call addressed to her: "Go, I will not forsake you", she said. Thus assured, Marguerite left Troyes in February, 1653, in a spirit of complete detachment. She arrived in Montreal on the following 16th of November, and without delay she set to work to promote the best interests of the colony. She is rightly considered co-foundress of Montreal, with the nurse, Jeanne Mance, and the master designer, Monsieur de Maisonneuve.

In order to encourage the colonists in their faith expression, she arranged for the restoration of the Cross on Mount Royal after it has been destroyed by hostile Indians, and she undertook the construction of a chapel dedicated to Notre-Dame de Bon Secours. Convinced of the importance of the family in the building of this new country, and perceiving the significance of the role to be exercised by women, she devoted herself to the task of preparing those whose vocation it would be to preside in a home. In 1658, in a stable which had been given to her by the governor for her use, she opened the first school in Montreal. She also organized an extern Congregation, patterned after the one which she had known in Troyes but adapted to the actual needs. In this way, she could respond to the needs of the women and young girls on whom much depended as far as the instruction of children was concerned. In 1659, she began receiving girls who were recommended by "les cures" in France, or endowed by the King, to come to establish homes in Montreal, and she became a real mother to them. Thus were initiated a school system and a network of social services which gradually extended through the whole country, and which led people to refer to Marguerite as "Mother of the Colony".

On three occasions, Marguerite Bourgeoys made a trip to France to obtain help. As of 1658, the group of teachers who associated themselves with her in her life of prayer, of heroic poverty, and of untiring devotedness to the service of others, presented the image of a religious institute. The group was inspired by the "vie voyagere" of Our Lady, and desired to remain uncloistered, the concept of an uncloistered community being an innovation at that time. Such a foundation occasioned much suffering and the one who took the initiative was not spared. But the work progressed. The Congregation de Notre-Dame received its civil charter from Louis XIV in 1671, and canonical approbation by decree of the Bishop of Quebec in 1676. The Constitutions of the Community were approved in 1698.

The foundation having been assured, Sister Bourgeoys could leave the work to others. She died in Montreal on January 12, 1700, acknowledged for her holiness of life. Her last generous act was to offer herself as a sacrifice of prayer for the return to health of a young Sister. Forty memberg of the Congregation de Notre-Dame were there to continue her work.

The educative and apostolic efforts of Marguerite Bourgeoys continue through the commitment of the members of the community that she founded. More than 2,600 Sisters of the Congregation de Notre-Dame work in fields of action according to the needs of time and place - from school to college or university, in the promotion of family, parish and diocesan endeavours. They are on mission in Canada, in the United States, in Japan, in Latin America, in Cameroon, and most recently they have established a house in France.

On November 12, 1950 Pope Pius XII beatified Marguerite Bourgeoys. Canonizing her this October 31, 1982, Pope John Paul II gives the Canadian Church its first woman saint.