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John Paul II's 2nd Pilgrimage to the Ivory Coast

Saturday 10th August 1985

Pope St John Paul II was a pilgrim to the Ivory Coast in 1985 on his 27th apostolic voyage, during which he also visited Togo, Cameroon, Central African Republic, Zaire (now DR Congo), Kenya & Morocco.

After being welcomed to the Côte d'Ivoire, Pape Saint Jean-Paul II celebrated Mass for the consecration of the Cathedral of Abidjan.

Discours du Pape Saint Jean-Paul II à la Cérémonie de Bienvenue
Aéroport d'Abidjan, samedi, 10 août 1985 - in French & Italian  

"Monsieur le Président, Eminence, Excellences,
Mesdames et Messieurs, Chers Frères et Sœurs de Côte d’Ivoire.

1. Votre invitation était pressante, et j’ai été frappé par votre diligence à achever la Cathédrale d’Abidjan pour le moment de mon troisième voyage sur le continent africain. Aussi est-ce bien volontiers que j’ai cédé à vos instances. Avec une joie réelle, je reviens dans votre pays, même brièvement, cinq ans après ma première visite pastorale dont je garde un vif et heureux souvenir. C’est de tout cœur que je remercie mes Frères dans l’épiscopat, le Cardinal Bernard Yago et les autres évêques de ce pays, pour leur invitation à venir consacrer la cathédrale de votre grande cité. Et je tiens à exprimer ma gratitude aux Autorités et au peuple de Côte d’Ivoire pour l’accueil chaleureux qu’ils me réservent.

Les paroles que vous avez prononcées, Monsieur le Président de la République, me touchent profondément. Non seulement elles manifestent toute votre considération pour le magistère de l’Eglise qui cherche à promouvoir partout la paix, la liberté, le respect des personnes, de leurs vies, mais je me réjouis qu’elles reflètent l’idéal de tout le peuple ivoirien et la volonté de ses dirigeants. En me recevant à nouveau dans votre nation, vous me permettez de retrouver ce peuple dont vous avez marqué l’histoire récente. Et, avec vous, je suis heureux de saluer vos compatriotes, les hommes et les femmes qui habitent ce pays dynamique. Je leur adresse mes vœux cordiaux pour leur bonheur personnel, pour que chacun et chacune d’entre eux connaisse l’épanouissement de ses capacités propres et de sa vie de famille, malgré les difficultés d’une crise aux dimensions internationales qui n’a pas épargné votre région.

2. Ma présence parmi vous aujourd’hui revêt le caractère pastoral de tout mon pèlerinage en terre d’Afrique; et c’est un acte spécifiquement religieux qui m’amène à faire étape à Abidjan. Mais je voudrais saisir cette occasion pour redire à nos frères d’autres confessions chrétiennes notre disponibilité à rechercher l’unité et la coopération fraternelle, et pour exprimer à tous ceux qui se reconnaissent en d’autres traditions religieuses que le christianisme, mon respect et le désir de l’Eglise catholique d’entretenir avec tous des relations confiantes. Je sais que la Côte d’Ivoire est un pays accueillant et que la tolérance y est réelle entre groupes de traditions et d’origines différentes. Dans le cadre de la cité, il importe que tous mettent en commun leurs efforts loyaux pour faire face aux grandes taches nécessaires, afin que l’avenir d’un peuple jeune puisse être envisagé avec assurance et que, demain, les inquiétudes et les doutes aujourd’hui soient surmontés.

Mon souhait est que tous puissent prendre part à un développement harmonieux de la société, donnant à chacun la chance de voir son utilité reconnue dans la diversité des fonctions. Aux jeunes, particulièrement, je dis l’espérance qu’ils soient bien préparés à leurs responsabilités prochaines et accueillis dans la vie active. Et je crois que la plupart partagent la conviction que l’avenir ne sera heureux et digne de l’homme que si les valeurs essentielles de la justice, de la liberté des personnes et des groupes, du respect de la vie, inspirent toute l’activité de la société Et, plus encore, un vrai progrès suppose que les uns et les autres soient ensemble dévoués au bien commun, qu’ils vivent une solidarité fraternelle et concrète avec les plus démunis. Dans cet esprit, un peuple peut contribuer à consolider la paix à laquelle tous aspirent; un pays peut montrer son sens de la coopération et de l’entraide avec ceux qui n’ont pas les mêmes facilités que lui. Je sais que c’est le désir de la Côte d’Ivoire de participer à tous les efforts de paix et de progrès que déploie la communauté internationale, spécialement sur ce continent.

3. Dès mon arrivée, je voudrais m’adresser spécialement aux catholiques et leur renouveler tous mes encouragements dans la vitalité de leurs communautés. En vous, je salue l’Eglise enracinée en Afrique, à la fois fidèle à ce qu’il y a de meilleur dans votre patrimoine ancestral, et riche de l’apport universel du christianisme rendu accessible grâce à la générosité de frères des Eglises plus anciennes venus en témoigner. Vous avez entendu, au nom même de l’Evangile, l’appel à développer les qualités humaines et spirituelles de chaque personne. Avec tout ce qu’il y a de précieux dans la vie chrétienne, apportez généreusement votre contribution à l’éducation de la jeunesse, si importante dans ce continent, pour que les qualités irremplaçables de ses habitants s’épanouissent le plus heureusement possible. Je salue avec prédilection ceux d’entre vous qui répondent à la vocation de donner leur vie entière au service de Dieu et de leurs frères par leur engagement dans la vie sacerdotale ou religieuse.

A tous les laïcs qui se rassemblent avec leurs pasteurs pour approfondir leur expérience et leur formation d’adultes responsables, je dis ma confiance pour assumer aussi bien les taches nécessaires à la vie de l’Eglise elle-même que la présence qualifiée des chrétiens dans la vie professionnelle. En diverses régions, des mouvements s’organisent pour aider leurs membres à acquérir les compétences et la maturité utiles dont la communauté a besoin.

Tous, sachez puiser dans la Bonne Nouvelle, qui est le don de Dieu, les raisons fondamentales d’aimer et de servir vos frères qui attendent d’être reconnus dans leur dignité et soutenus dans leur espérance d’avenir. Ne cessez pas de nourrir de la force de l’Evangile votre participation aux diverses taches que vous accomplissez dans la société de votre pays.

Aux personnalités nombreuses qui ont tenu à être présentes, à vous tous qui me recevez aujourd’hui, je dis mon cordial merci pour votre présence. Je pense aussi en ce moment à tous vos compatriotes que je ne puis rencontrer au cours de cette brève visite, et j’assure particulièrement de mon affection ceux qui traversent l’épreuve de la maladie ou qui connaissent d’autres souffrances; je voudrais pouvoir leur apporter à chacun un réconfort et des raisons d’espérer. A chaque famille, à chaque personne, je dis très simplement ma sympathie et mes vœux.

Que Dieu bénisse ce pays!"

Homélie du Pape Saint Jean-Paul II à la Messe
lors de la Consécration de la Cathédrale d'Abidjan
Abidjan, samedi, 10 août 1985 - in French & Italian  

"1. “Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité” (Io. 4, 23).

Une femme de Samarie interroge Jésus. Elle le fait, car elle vient de découvrir la vérité de sa Parole: Jésus a éclairé sa vie. Jésus lui a annoncé le don de l’eau vive qui apaise toute soif à jamais. Cette femme, dont le peuple restait à distance de celui de Jérusalem, l’interroge maintenant: où peut-on adorer Dieu? Et Jésus, l’envoyé de Dieu pour tous les hommes, le vrai prophète, proclame que l’heure est venue où ce n’est plus sur une seule montagne ou dans une seule ville que l’on rencontre Dieu. En tout lieu désormais, la rencontre de Dieu est possible avec l’homme qui recherche le Père, en esprit et en vérité.

En consacrant aujourd’hui votre cathédrale, nous désirons ardemment qu’elle devienne un “vrai temple de Dieu et des hommes”, en cette grande cité du continent africain: qu’elle serve au culte que rendent “les vrais adorateurs en esprit et en vérité”. C’est notre espérance et notre conviction que cet édifice sera un témoignage de prière authentique: ceux qui accueillent la vérité de Dieu et qui sont illuminés par son Esprit se tournent vers le Père pour rendre grâce de ses dons et le supplier de les répandre avec abondance sur la communauté humaine.

2. Il y a cinq ans, le 11 mai 1980, vous m’aviez convié à bénir la première pierre de votre cathédrale. Il m’est donné à présent de consacrer la maison que vous avez bâtie pour Dieu. Je rends grâce pour ce rare privilège. Je rends grâce surtout pour tout ce que représente cette réalisation impressionnante dans votre nation, qui vient de célébrer le XXVème anniversaire de son indépendance. Encouragés par tout un peuple, les architectes et les nombreux bâtisseurs ont mené à bien une œuvre merveilleuse, car elle est signe éloquent de foi et elle est le témoin de la maturité et de la vitalité d’une Eglise. Avec vous qui remplissez cette cathédrale, je rends grâce. Et avec vous tous, la foule qui s’est rassemblée à l’extérieur, autour de la maison du Seigneur, je rends grâce, parce que Dieu établit sa demeure parmi les hommes!

L’Eglise d’Abidjan, l’Eglise en Cote d’Ivoire, manifeste par cette construction matérielle qu’elle est elle-même en vérité une construction spirituelle. Sans le dynamisme intérieur de la foi, sans l’espérance fondée sur le Christ vivant, un temple de pierre resterait vide de sens, quelle que soit sa grandeur. La raison d’être d’un temple de pierre, c’est le temple intérieur de la communauté des disciples du Seigneur. Ecoutons à nouveau, comme il y a cinq ans, la parole de l’Apôtre Pierre: “Soyez des pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel” (1 Petr. 2, 5).

Bâtir l’Eglise, c’est une œuvre que l’Esprit de Dieu anime et rend possible. Elever un temple, c’est l’offrande de toute une communauté qui se rassemble pour célébrer le sacrifice du Seigneur. Elle dresse sur le sol de son pays un signal qui constitue un appel permanent à élever des louanges vers Dieu, à accueillir ses dons, à entendre sa Parole, à renforcer la fraternité, à inviter sans cesse de nouveaux frères pour qu’ils connaissent la Bonne Nouvelle du salut par le Christ.

3. Vous achevez un édifice, mais vous savez que la construction de l’Eglise continue. C’est une tache de tous les jours et de toutes les générations. Pour l’accomplir fidèlement, il faut que les hommes soient purifiés et renouvelés sans cesse, qu’ils soient convertis par la grâce de Dieu et détournés du péché qui est œuvre de mort. C’est pourquoi nous avons répandu sur nous en même temps que sur les murs de l’église l’eau baptismale dans laquelle nous avons été purifiés et unis à la vie nouvelle par le Christ. Cette eau, Jésus l’avait promise à la Samaritaine de l’Evangile en lui disant: “L’eau que je donnerai deviendra source jaillissante pour la vie éternelle” (Cfr. Io. 4, 14).

Avant de consacrer la cathédrale, nous allons chanter les litanies des saints. Nous marquerons ainsi que l’Eglise vivante a pour fondation les Apôtres et les saints de tous les âges. Ce sanctuaire est dédié à saint Paul. Quelle joie d’invoquer le patronage de l’Apôtre des nations sur cette terre d’Afrique! Quelle joie pour l’Evêque de Rome que de confier cette église d’Abidjan à celui qui acheva sa route missionnaire en fécondant la terre de Rome par le don de son sang! Le peuple aujourd’hui appelé à être saint est le peuple où Dieu a suscité les saints innombrables qui sont pour nous des exemples; ils sont vivants dans le Royaume des cieux et ils intercèdent pour nous. Que le patronage de saint Paul, et la communion de tous les saints soient pour l’Eglise qui se rassemble ici un ferment d’unité et d’amour! Et je voudrais rappeler que vous honorez particulièrement la Reine des Apôtres, sous le titre de Notre-Dame d’Afrique, en élevant un autre sanctuaire dont j’ai pu bénir la première pierre. Qu’elle vous guide et vous soit secourable, qu’elle vous accompagne sur les voies du service de Dieu et des hommes!

4. Au centre de cette action liturgique, une grande prière exprime notre action de grâce et notre supplication. En consacrant une église, nous louons Dieu qui nous permet être rassemblés par le Christ en sa demeure, nous louons Dieu qui fait de son Eglise le corps vivant sanctifié par le sang du Christ. Nous louons Dieu qui élève la cité sainte, car elle a pour pierre angulaire le Christ Jésus.

Et nous supplions humblement que ce lieu voie le péché pardonné, les fidèles unis dans le mémorial de la Pâque. Dans l’espérance du salut, nous demandons que la communauté réunie pratique la miséricorde et découvre la vraie liberté des fils de Dieu.

5. Avec les évêques de ce pays, je ferai sur l’autel et sur les murs de l’édifice l’onction du saint-chrême. L’huile sainte signifie la puissance de Dieu qui saisit et consacre: par l’onction, le Père a fait de Jésus son Christ, c’est-à-dire celui que l’Esprit a totalement pénétré. Aujourd’hui, par l’onction, il fait de cette église le lieu où l’Esprit du Christ libère chacun du péché et le baptise dans le mystère de sa mort et de sa résurrection. Il fait de cette église, par l’onction, le lieu saint où il appelle son peuple à se rassembler et à partager sa propre vie.

Aujourd’hui, l’Esprit du Seigneur fait de cet autel le signe du Christ, car c’est lui le Prêtre par excellence, c’est lui qui offre sa propre vie dans le sacrifice eucharistique. Et il nous donne de l’offrir à notre tour par le ministère de l’évêque et des prêtres. A cet autel, il invite les baptisés à communier à sa présence réelle, il les unit en son corps. Consacré par l’onction, l’autel marque le centre vivant de cette église? le lieu de l’eucharistie, centre de tous les autres sacrements.

La fumée de l’encens sera le symbole de la prière qui monte vers le Père par le Christ présent en son peuple, de l’offrande agréable à Dieu. La lumière allumée sur l’autel, répandue dans toute la cathédrale, représentera à nos yeux la lumière du Christ qu’il nous demande de faire briller aux yeux des hommes, en portant son message et en répandant son amour.

Ces gestes de l’antique tradition chrétienne expriment en profondeur la réalité qu’est l’Eglise, la beauté de l’image du Christ qui s’imprime en elle. Avec joie, en ce jour heureux, louons le Seigneur en reprenant les paroles du psaume:

“De quel amour sont aimées tes demeures, / Seigneur de l’univers! Heureux les habitants de ta maison . . . / Heureux les hommes dont tu es la force: / des chemins s’ouvrent dans leur cœur!” (Ps. 84 (83), 2. 5a. 6).

6. La page du Livre de Néhémie qui a été lue tout à l’heure évoque une assemblée du Peuple de Dieu auprès du Temple de Jérusalem. Nous y trouvons un exemple pour l’assemblée chrétienne aujourd’hui, pour les “habitants de la maison” du Seigneur. Puissiez-vous vous rassembler dans l’unité, heureux être l’Eglise, le Peuple que Dieu s’est acquis! (Cfr. Eph. 1, 14) Puisiez-vous écouter la lecture des Livres saints qui sont la Parole et la Loi de Dieu, et y répondre comme nos pères qui l’acclamaient en s’écriant: “Amen!”. Ils prononçaient par ce mot l’adhésion de leur foi et ils acceptaient la Loi de Dieu pour conduire leur vie. Le peuple assemblé par Esdras reçoit avec joie et émotion cette Parole qui est de Dieu, cette Parole qui invite le peuple à la fidélité en réponse à la fidélité de Dieu, cette Parole de l’Alliance entre Dieu et l’humanité, maintenant accomplie à jamais par le Verbe fait chair, par le Fils de Dieu venu “pour faire de nous des fils” (Gal. 4, 5). Puisiez-vous, toujours plus nombreux, mettre en commun dans cette cathédrale la joie d’être illuminés par la Parole du salut, d’être rendus forts par la présence du Seigneur, d’être disponibles pour partager fraternellement les dons reçus pour la vie!

7. Le rassemblement des chrétiens prend ici un relief particulier. La cathédrale occupe dans l’Eglise locale la première place parmi les sanctuaires: elle est l’église de l’évêque, celle où il réunit les prêtres et les fidèles du peuple, celle où autour du représentant du Christ pour ce diocèse se manifeste la cohésion du Corps tout entier. En la circonstance historique de cette consécration, je suis heureux de saluer votre Archevêque, le Cardinal Bernard Yago, Pasteur qui conduit ce diocèse depuis 25 ans avec foi et dévouement. Je me réjouis de la présence des Cardinaux Zoungrana et Thiandoum et des autres évêques qui représentent les épiscopats des pays de l’Afrique de l’Ouest. Je salue et j’encourage tous les prêtres qui prolongent parmi vous le ministère de l’évêque, ceux qui sont nés sur cette terre et ceux qui ont quitté leur pays pour venir ici servir l’Eglise. Je salue cordialement aussi les Frères et les Religieuses qui ont pris une si grande part à la construction de la communauté chrétienne de ce pays dès les débuts pour témoigner de l’Evangile par le don d’eux-mêmes et à travers de nombreux services. J’adresse un salut déférent aux représentants des autres confessions chrétiennes et de l’Islam qui ont tenu à s’associer à cette cérémonie. Et je suis sensible à la présence parmi vous des hautes Autorités de votre pays et du Corps Diplomatique; je salue en particulier Monsieur le Président de la République. Et je voudrais vous dire mes vœux chaleureux à vous tous, mes Frères et Sœurs Ivoiriens ou venus d’ailleurs: à l’occasion de cette consécration solennelle, que Dieu vous donne à tous de fortifier une communauté heureuse d’accomplir sa volonté de paix, d’unité et d’amour.

Qu’il vous donne sa récompense pour toute la générosité et tous les efforts mis en commun afin d’édifier cette cathédrale dans la capitale, au lieu même où est représenté et dirigé ce pays. Vous y avez dressé un signe qui rappelle la force des valeurs spirituelles dans la vie des nations.

Nous confions cette église, cette communauté chrétienne, au Christ qui est la pierre d’angle de l’édifice; nous le ferons particulièrement dans la concélébration de l’Eucharistie par le Pape, l’archevêque d’Abidjan, les évêques de Cote d’Ivoire et leurs Frères. Cela souligne combien l’évêque qui rassemble en sa cathédrale l’Eglise d’un diocèse est lié à ses Frères, ceux du même pays d’abord, ceux du monde entier, et spécialement à celui qui a reçu la charge de succéder à l’Apôtre Pierre pour confirmer tous ses Frères dans la foi. Chers Frères et Sœurs d’Abidjan et de la Cote d’Ivoire, quand vous entrez dans cette église de l’évêque, n’oubliez pas que sa mission l’attache aux autres Eglises; et présentement votre archevêque, qui est Cardinal, est très proche du Pape de Rome, il partage sa sollicitude pour toutes les Eglises et tous les problèmes du monde.

Et comment ne pas évoquer dès aujourd’hui le Congrès eucharistique international qui va s’ouvrir pour la première fois en Afrique noire! Qu’il soit pour toutes les familles du monde un appel à l’unité autour du Christ Sauveur! Car le Fils de Dieu est venu parmi nous, il a livré son Corps et son Sang pour que tous aient la vie en lui.

8. Le Christ dit à la Samaritaine: “L’heure vient . . . où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; tels sont les adorateurs que recherche le Père”. Cette heure vient en ce pays, après une histoire déjà longue: divers groupes d’évangélisateurs ont essayé d’établir ici l’Eglise, du XVIIème au XIXème siècle, et ils n’ont pu demeurer; des épreuves, où beaucoup ont offert leur vie, ont interrompu leur œuvre. L’heure est venue de manière décisive en 1895 lorsque la fondation de l’Eglise en votre pays a pu être entreprise sur une base durable par les pères des Missions africaines et le premier Préfet apostolique d’Abidjan, bientôt rejoints par les sœurs de Notre-Dame des Apôtres. Il est juste, en ce jour, de rappeler la mémoire de tous les évangélisateurs qui ont donné ici jusqu’à leur santé, et leur vie parfois, pour établir, grâce à leur charité héroïque, une Eglise qui a maintenant ses racines et qui développe elle-même ses rameaux, qui porte elle-même les fruits de la semence qui vient de Dieu. Je pense aux diocèses qui ont pu être érigés sous la responsabilité évêques africains.

A présent, c’est d’une manière nouvelle que la même “heure” de Dieu est venue. La cathédrale que, par le service de l’Evêque de Rome, l’Eglise en Cote d’Ivoire dédie à saint Paul par la consécration d’aujourd’hui, est un signe de maturité dans œuvre d’évangélisation qui reste toujours à poursuivre. L’Evangile du Christ s’adresse à tous les hommes, et, à ceux qui l’ont reçu jusqu’ici revient la responsabilité de le faire entendre à leurs frères. On a parlé à juste titre de seconde évangélisation. C’est la confrontation en vérité des valeurs chrétiennes avec l’héritage, les aspirations, les découvertes et les pouvoirs des hommes; qu’en tous les domaines, le respect de la vie, le sens de la justice, la recherche de l’unité traduisent concrètement l’engagement des chrétiens à la suite du Christ dans leur participation aux activités diverses de la société! Que l’approfondissement de la vie ecclésiale rende vos communautés sans cesse plus fidèles, plus rayonnantes, plus responsables, en lien avec tous les membres du Corps du Christ dans le monde!

Que ce signe extérieur, noble, marque profondément vos âmes: cet édifice représente la “demeure de Dieu avec les hommes”. Sa forme même évoque symboliquement la Sainte Trinité, sa structure rappelle la structure de la vie chrétienne appuyée sur les sept sacrements donnés par le Seigneur à son Eglise.

Vous êtes vous-mêmes le temple de Dieu: chacun de vous est temple de Dieu. Saint Paul nous demande: “Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous?” (1 Cor. 3, 16). Nous proclamerons dans la préface de la prière eucharistique: “La cité sainte, c’est l’Eglise . . . que tu ne cesses de construire de pierres vivantes, animées par le Saint-Esprit, unies par la charité, pour en faire la demeure où tu seras tout en tous” («Rituale Consecrationis Ecclesiae»).

Que la présence de Dieu qui est Esprit fasse de ceux qui habiteront cette maison, qui est sa maison, de vrais adorateurs en esprit et en vérité maintenant et pour les siècles à venir! Amen."

 

 

  

 

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