Bookmark and Share

St John Paul II's 2nd Apostolic Visit to Zaire

14th - 16th August 1985
over the Solemnity of the Assumption & the beatification of Marie-Clémentine Anwarite

Pope St John Paul II was a pilgrim for the second time to Zaire (now DR Congo) in 1985 during his 27th apostolic voyage, on which he also visited Togo, the Ivory Coast, Cameroon, Central African Republic, Kenya & Morocco.

Pape Saint Jean-Paul II was welcomed on Wednesday 14th August at Kinshasa Airport. On the Solemnity of the Assumption, St John Paul II celebrated Mass in Kinshasa, beatifying Mary Clementine Anuarite and praying the Angelus. JPII then met with the diocesan community in the Cathedral of Kinshasa, the President of the Republic of Zaire in Kinshasa & lastly the Episcopal Conference of Zaire. On Friday 16th August, Papa San Giovanni Paolo II celebrated Mass in Lubumbashi for the newly blessed Mary Clementine Anuarite, before leaving for Kenya.

Discours du Pape St Jean-Paul II à la Cérémonie de Bienvenue
Aéroport de Kinshasa, Zaïre, mercredi, 14 août 1985 - in French & Italian

"Monsieur le Président, Eminence, Excellences, Mesdames, Messieurs, chers Frères et Sœurs,

1. En retrouvant la terre du Zaïre pour une grande fête chrétienne, je voudrais vous dire ma joie de revenir dans votre pays si attachant. En 1980, j’avais passé plusieurs jours au Zaïre, marqués par de nombreuses rencontres dont le souvenir reste bien vivant pour moi. Aujourd’hui, avant de rejoindre le Congrès eucharistique international de Nairobi, je suis particulièrement heureux de pouvoir répondre à la pressante invitation que vos évêques m’avaient présentée à Rome, à venir ici proclamer bienheureuse votre sœur Anwarite Nengapeta. Je remercie Monsieur le Cardinal Malula, Archevêque de Kinshasa, Monseigneur Monsengwo Pasinya, Président de la Conférence épiscopale, et tous mes frères dans l’épiscopat de m’avoir convié au nom de tous les catholiques de ce pays avec une insistance délicate qui m’a touché.

Monsieur le Président de la République, je tiens à exprimer ma gratitude à Votre Excellence pour sa propre invitation et son empressement à rendre ma visite possible, en prenant avec diligence toutes les dispositions en vue de son organisation. Les paroles que vous venez de prononcer disent, en des termes auxquels je suis très sensible, la qualité de l’accueil que vous me réservez, suivant les belles traditions africaines d’hospitalité. J’apprécie la possibilité que j’aurai demain de m’entretenir à nouveau avec vous.

De nombreuses personnalités vous accompagnent, Monsieur le Président, en cette cérémonie de bienvenue; elles représentent ici les plus hautes instances de votre pays et particulièrement de la capitale. Je les remercie pour la courtoisie que manifeste leur présence et je leur adresse un salut déférent et cordial.

2. Dès mon arrivée, je voudrais dire ma chaleureuse sympathie à tout le peuple de cette grande cité de Kinshasa et de l’ensemble du Zaïre. Vous avez marqué une étape dans l’histoire de votre pays en commémorant récemment le XXV anniversaire de votre indépendance. Le chemin parcouru est considérable; les embûches n’ont pas manqué. Mais vous gardez la volonté d’entreprendre, sans ménager vos efforts. Je souhaite à chacun de vous la satisfaction de voir son labeur récompensé, de vivre dans une société harmonieuse et fraternelle. Mes vœux vont particulièrement à la jeunesse nombreuse de votre peuple qui se prépare à prendre ses propres responsabilités dans ce monde exigeant et difficile. Il importe que tous déploient les qualités de l’esprit et du cœur pour que les ressources de la terre servent au bien commun des hommes, et pour que les peuples du monde sachent multiplier leurs échanges bénéfiques, établir entre eux une collaboration dynamique dans la paix. Comme tous leurs compatriotes, les catholiques ont à cœur de participer activement aux efforts de la nation.

3. Ma brève visite a pour premier but de permettre une nouvelle rencontre de l’Evêque de Rome avec l’Eglise catholique au Zaïre. Il y a cinq ans, nous avons célébré ensemble le centenaire de la seconde évangélisation dans votre pays, un siècle où vos communautés se sont développées rapidement dans l’ardeur, où vous avez non seulement reçu le message, mais édifié l’Eglise désormais solidement enracinée dans votre terre. Lors de mon premier pèlerinage parmi vous, nous avons communié intensément en remerciant Dieu et en lui confiant votre avenir. Demain, nous allons exalter les mérites de l’une d’entre vous, gage de la fécondité d’une Eglise qui mûrit, approfondit la Parole de Dieu et témoigne de la vivante présence du Christ.

Successeur de l’Apôtre Pierre, chargé de confirmer dans la foi mes frères et mes sœurs sous toutes les latitudes, je suis heureux de me trouver parmi vous afin de poser ce jalon lumineux sur la route de l’Eglise au Zaïre, en communion avec les évêques de tous vos diocèses. Puissent ces journées de fête marquer une nouvelle avancée dans votre attachement au Christ, dans votre solidarité avec tous vos frères, les chrétiens d’Afrique et des autres continents! Alors que ce soir commence la solennité de son Assomption, puisse Notre-Dame du Zaïre vous conforter dans l’espérance!

4. En arrivant ici, je désire aussi adresser un salut cordial à tous les Zaïrois qui constituent d’autres communautés chrétiennes que l’Eglise catholique. Je salue aussi ceux qui appartiennent à des traditions spirituelles différentes. Qu’ils soient assurés de mon respect et du désir sincère des chrétiens d’entretenir avec tous des relations fraternelles.

Sur ma route, avant de quitter votre pays, j’aurai l’occasion de célébrer la Messe avec les chrétiens du Shaba rassemblés à Lubumbashi. Mais, si le temps dont je dispose n’était limité, c’est de tous les Zaïrois que je voudrais être proche, de chaque famille, de chaque enfant.. Et je pense aussi à ceux que la maladie et la souffrance immobilisent, j’aimerais leur apporter un réconfort, ainsi qu’à toutes les personnes qui sont dans l’épreuve. Je leur dis mes vœux affectueux.

5. Je sais que les diverses rencontres que j’aurai au cours de mon séjour ont demandé beaucoup de soin pour leur organisation, tant de la part des Autorités civiles que de la part des diocèses qui m’accueillent. Que tous ceux qui se dévouent pour les préparer et accomplir toutes les taches nécessaires, souvent au prix d’un travail qui reste discret, soient assurées de ma vive reconnaissance.

A tous, présents et lointains, de tout cœur merci!

Que Dieu vous bénisse!"

Homélie du Pape Saint Jean-Paul II à la Messe et la Béatification de Marie-Clémentine Anwarite
Solennité de l'Assomption de la Vierge Marie, jeudi, 15 août 1985, Kinshasa - in French, Italian & Spanish

"1. Aujourd'hui, l’Eglise regarde les cieux ouverts: “Le Temple qui est dans le ciel s’ouvrit, et l’arche de l’Alliance du Seigneur apparut dans son Temple” (Apoc. 11, 19).

Nous célébrons l’Assomption de Marie, la Mère de Dieu, la Vierge, la Mère de notre Rédempteur.

Et c’est elle précisément que l’Eglise reconnaît dans le signe grandiose qui parait dans le ciel: “Une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles” (Ibid. 12, 1). Oui, Marie est signe du monde nouveau. Du monde rassemblé en Dieu, du monde transfiguré en Dieu. Transfiguré par le Christ.

En effet, comme “c’est en Adam que meurent tous les hommes; c’est dans le Christ que tous revivront” (1 Cor. 15, 22): tous auront la vie éternelle en Dieu même. La première qui entre dans cette vie en plénitude, c’est Marie.

2. Et c’est pourquoi aujourd’hui, jour de l’Assomption, l’Eglise fait mémoire du moment où Marie a chanté le “Magnificat”, sur le seuil de la maison de Zacharie.

“Mon âme exalte le Seigneur / mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur . . . / Le Puissant fait pour moi des merveilles; / Saint est son nom!” (Luc. 1, 46-47. 19).

Ce jour-là, à l’occasion de sa visite à sa parente Elisabeth, Marie a manifesté par ces paroles l’allégresse de son âme devant le mystère de la Maternité divine qui était son destin par la grâce de la Très Sainte Trinité.

Aujourd’hui, par les mêmes paroles, elle exprime l’allégresse de son âme face au mystère de l’Assomption, fruit définitif de sa Maternité divine par la grâce de la Très Sainte Trinité.

Marie adore Dieu, Marie proclame les “merveilles” de Dieu que le Puissant a accomplies en elle et par elle.

3. Aujourd’hui, avec Marie montée aux cieux, l’Eglise adore Dieu, dans l’Eglise qui est en votre pays, au Zaïre. A Kinshasa, la capitale, et dans toutes les provinces, au Kasai, au Shaba, au Kivu, au Bas-Zaïre, en Haut-Zaïre, où vécut Anwarite.

Je suis heureux de prier avec vous tous, avec tous les chrétiens des diocèses du Zaïre, des paroisses, des monastères contemplatifs, des communautés religieuses. Et je suis particulièrement uni à l’Archevêque de Kinshasa, le Cardinal Malula et à tous mes frères dans l’épiscopat. Je les remercie aussi du zèle avec lequel ils ont préparé la béatification.

Voici que Dieu “s’est penché sur son humble servante” (Cfr. Luc. 1, 48) et sur l’amour sans partage d’une fille de cette terre. Et il lui permet aujourd’hui de participer à la gloire de la Mère de Dieu, à la gloire de tous les saints et de tous les bienheureux.

Un jour, Anwarite avait noté sur son carnet personnel ces mots: “Aimer le Seigneur, parce qu’il a fait pour moi de grandes choses, combien grande est sa bonté”. Elle exprimait là le sens de sa vie, en reprenant la prière même de Marie.

Il est heureux que ce soit ici, dans son pays, votre pays, et le jour où est célébrée la gloire de la Vierge Marie, que l’Eglise proclame bienheureuse sa fille Marie-Clémentine Anwarite. Nous pouvons l’admirer et la prendre pour modèle d’autant plus volontiers qu’elle est proche de nous dans le temps; elle est vraiment représentative de votre communauté chrétienne qu’elle illustre par ses mérites et sa sainte fidélité au Seigneur.

Anwarite a passé toute son existence dans le Haut-Zaïre, entre Wamba et Bafwabaka. Elle ne paraissait pas pourvue de dons sortant de l’ordinaire. Enfant modeste, acceptant ses limites, mais travaillant avec persévérance à les dépasser, elle avait un tempérament parfois vif, enjoué; et à d’autres moments elle connaissait l’inquiétude et la souffrance. Très spontanément, elle se montrait disponible aux autres, aimant tout simplement rendre service et accueillir avec délicatesse.

Enfant, elle avait reçu le baptême en même temps que sa mère. La foi grandit en elle et devint un motif puissant dans l’orientation de sa vie. Très jeune, elle voulut consacrer sa vie au Seigneur comme religieuse: elle apporta dans la communauté de la Jamaa Takatifu, la Congrégation de la Sainte-Famille vouée particulièrement à des taches d’éducation, sa constance au travail, son sens du service, l’amour de ses jeunes élèves, son attention aux pauvres et aux malades, la joie qu’elle savait partager, son désir de progresser spirituellement. Aujourd’hui présents, les membres de sa famille et de sa congrégation sont heureux de pouvoir témoigner de ses qualités.

Sans réserve, Anwarite s’était engagée à suivre le Seigneur; elle lui avait donné sa fidélité et consacré sa virginité. Et, jour après jour, avec affection et profondeur, elle priait la Mère du Christ; on la voyait comme plongée dans la prière près de l’image de Notre-Dame, ou attentive à dire le chapelet avec ses sœurs ou avec les enfants dont elle s’occupait. Marie éclairait sa foi, la soutenait, l’entraînait. Anwarite, tout simplement, aimait la Mère du Seigneur. Un signe émouvant fut son attachement à la statuette qu’elle garda sur elle jusque dans la mort.

Quand arrive le temps de l’épreuve, cette jeune religieuse y fait face: la foi, le sens de l’engagement pris, la valeur primordiale qu’elle accorde à la virginité, une prière intense et le soutien de la communauté lui permettent de rester inébranlable. Dans la terrible anxiété de voir sa pureté atteinte, devant la menace pour sa vie même, Anwarite dit: “Mon âme est inquiète maintenant”. Parole qui rappelle celle de Jésus , et qui montre combien l’Evangile pénètre la vie de cette jeune fille consacrée. Elle surmonte l’ébranlement de l’angoisse; son courage est sans faiblesse, soutenu par la présence affectueuse de ses supérieures et de ses sœurs.

Anwarite a montré une audace digne des martyrs qui, depuis Etienne à Jérusalem, jalonnent l’histoire de l’Eglise par leur imitation héroïque du Christ. Elle ose dire, pour défendre sa supérieure menacée à cause de son propre refus: “Vous me tuerez moi seulement”. Quand les coups mortels l’atteignent, ses sœurs l’entendent clairement adresser ces mots à celui qui la frappe: “Je vous pardonne, car vous ne savez pas ce que vous faites”; et aussi: “C’est ainsi que je l’ai voulu”. De la manière la plus directe, Anwarite suit le Christ auquel elle s’est donnée: comme lui, elle pardonne, comme lui, elle accomplit son sacrifice; et moi-même au nom de toute l’Eglise, je pardonne de tout cœur.

4. Dans l’Evangile, quand Marie arriva au seuil de la maison de Zacharie, Elisabeth “s’écria d’une voix forte: . . . Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur” .

Elle aussi, la fille de votre terre, Anwarite Nengapeta, a cru à l’accomplissement de la promesse de Dieu à son égard: elle était une de celles qui ont choisi de ne pas se marier pour le Règne de Dieu. Elle avait médité l’exemple des vierges martyres anciennes, elle avait été impressionnée par le sacrifice de Maria Goretti et par celui des Martyrs d’Ouganda. Anwarite savait le prix que pouvait lui coûter sa fidélité Elle a entendu la parole du Christ “il n’y a pas d’amour plus grand que de donner sa vie” (Cfr. Io. 15, 13).

A l’heure de la menace, elle n’hésite pas à mettre au-dessus de tout la valeur de sa consécration au Christ dans la chasteté parfaite. Au soir de sa mort, dans la maison bleue d’Isiro, elle avait dit: “J’ai renouvelé mes vœux, je suis prête à mourir”. Anwarite est un ferme témoin de la valeur irremplaçable d’un engagement pris envers Dieu et soutenu par sa grâce.

Bienheureuse celle qui, très près de nous, a montré la beauté du don total de soi pour le Royaume. La grandeur de la virginité, c’est l’offrande de toutes ses capacités d’aimer, afin que, libre de tout autre lien, tout l’être sache aimer le Seigneur comme un époux et ceux que le Seigneur aime. Il n’y a là aucun dédain de l’amour conjugal, nous savons qu’Anwarite se souciait d’aider les couples proches d’elle à garder la fidélité de leur propre engagement dont elle louait la beauté.

C’est la valeur primordiale de la fidélité qui l’a conduite au martyre. Le martyre, précisément, cela veut dire être témoin: Anwarite fait partie de ces témoins qui entraînent et soutiennent la foi et la générosité des frères et sœurs. Quand, dans la nuit du 30 novembre 1964, toutes les religieuses de la communauté sont menacées, battues et blessées, le sacrifice d’Anwarite, loin de les effrayer, les encourage dans leur fermeté et les aide à traverser l’épreuve dans la paix. C’est là un signe éloquent du témoignage d’espérance qu’a été la mort de l’une d’entre elles. Rappelons-nous la lecture de saint Paul: “Le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité . . . C’est dans le Christ que tous revivront” (1 Cor. 15, 20-22).

5. C’est pourquoi, elle - cette fille de votre terre - peut chanter aujourd’hui avec Marie le “Magnificat”, comme ses sœurs l’ont chanté au moment où elle livrait sa vie au milieu d’elles.

Dans son sacrifice, la puissance de Dieu s’est manifestée, les “merveilles” de Dieu se sont renouvelées. A juste titre, elle peut chanter:

“Le Puissant fit pour moi des merveilles ...
Déployant la force de son bras ...
il élève les humbles ...
Saint est son nom ...
Désormais toutes les générations me diront bienheureuse” (Luc 1, 49. 51-52. 49. 48).

6. Ce cantique d’action de grâce et de louange, vous pouvez tous le chanter avec Anwarite, chers Frères et Sœurs: voici en effet, pour le centenaire du Baptême de votre patrie, que nous avons célébré ensemble il y a peu de temps, le premier fruit; le fruit parfait de la grâce du saint baptême, la première Zaïroise que l’Eglise proclame solennellement bienheureuse, martyre de la foi parmi vous!

C’est un grand événement dans l’histoire de l’Eglise en votre terre. Je me réjouis de pouvoir être présent parmi vous - comme successeur de Pierre - en ce jour marquant. Et de pouvoir chanter, avec vous et avec votre Bienheureuse, le Magnificat marial en la solennité de l’Assomption.

Oui, la puissance de Dieu se manifeste dans la “merveille” qu’est Marie, la Mère de Dieu, entrée dans la gloire du Royaume. Première parmi les saints, elle éclaire la route de tous les hommes et de toutes les femmes.

Anwarite avait répondu à la vocation de la virginité librement offerte. Et voici qu’elle se joint au long cortège de ces vierges qui, depuis l’époque romaine, au commencement du premier millénaire, avaient donné leur vie pour le Christ, Blandine, Agathe, Lucie, Agnès, Cécile, Pélagie, Solange . . . Avec les vierges martyres qui l’ont précédée, la bienheureuse Anwarite encourage ceux qui s’engagent à la chasteté en répondant à leur vocation religieuse.

7. Mais c’est en toute condition, en tout lieu, en tout temps, que le Seigneur appelle ceux pour lesquels il a donné son Fils à le suivre sur les voies de la sainteté. La vocation des époux consiste à vivre un amour exigeant et généreux dans leur union, car la voie de leur perfection passe par le don de toute leur personne à leur conjoint, par la transmission de la vie aux enfants et le dévouement que demande leur éducation. Vivant leur mariage comme une réponse active à l’amour du Seigneur, les époux se joignent à l’action de grâce: “Le Seigneur a fait pour moi des merveilles”.

Frères et Sœurs, reprenons ensemble cette prière, car il nous est donné à tous d’accueillir le Christ, “la vraie lumière qui éclaire tout homme”. “A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu” (Io. 1, 9. 12). “Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi” (Rom. 6, 4).

Jeunes ou vieux, connus ou inconnus, humbles ou puissants, à nous tous le Christ permet chaque jour de partager avec générosité les biens de la terre et de la vie, de dépasser nos faiblesses et nos divisions, d’avancer avec enthousiasme vers un monde renouvelé, car la force de l’amour brise les chaînes de l’égoïsme et de la haine. Jour après jour, dans la foi et l’amour que Dieu met en nos cœurs, nous pouvons entendre l’appel à suivre Jésus. Avec humilité et avec joie, chacun peut offrir les peines et les réussites des hommes, uni avec le Fils de Dieu qui livre son Corps et son Sang pour la multitude, en rémission des péchés. En cette Eucharistie, que l’Esprit du Seigneur nous rassemble en un seul Corps dans la sainteté du Christ! Qu’il nous entraîne dans son offrande! Qu’il nous rende fermes dans l’espérance et capables d’annoncer à nos frères la bonne nouvelle que le monde sauvé reçoit la sainteté de Dieu!

8. Ainsi donc l’Eglise voit aujourd’hui, sur la belle et riche terre du Zaïre, “le ciel ouvert”:

grâce à la solennité de l’Assomption de la Mère de Dieu,

en même temps grâce à cette première béatification d’une fille de votre terre,

grâce à l’engagement généreux de fils et de filles de ce peuple dans le service du Seigneur et l’amour de leurs frères.

Le peuple de toute votre terre se réjouit. L’Afrique noire se réjouit. Toute l’Eglise catholique se réjouit et rend grâce pour le témoignage de ses frères d’Afrique.

Que la joie de cette grande journée ouvre un chapitre nouveau dans l’histoire du peuple de Dieu sur cette terre sanctifiée et bienheureuse! Amen."

St Jean-Paul II à l'Angélus, Solennité de l'Assomption de la Vierge Marie
Kinshasa, Zaïre - Jeudi 15 août 1985 - in French, Italian & Spanish

"Chers Frères et Sœurs,
Vous avez qu’à Rome, chaque dimanche, le Pape a coutume de réciter l’“Angélus” avec les fidèles présents et avec beaucoup d’autres qui le suivent par la radio. En ce jour de fête mariale, je suis heureux de réciter avec vous cette prière qui rappelle en peu de mots le mystère de Marie, la servante du Seigneur à qui il a été donné de devenir la mère de Dieu, et tout le mystère de l’Incarnation, de Dieu qui est venu habiter parmi nous.

Nous honorons la Vierge Marie particulièrement en ce jour où nous la contemplons dans la gloire. Elle a répondu à l’annonce de l’ange par la foi pure. Dès le premier moment de sa mission, elle s’est montrée totalement disponible au service du Seigneur. Désormais elle partage, dans son humanité, la condition glorieuse de la nouvelle Alliance scellée dans la mort et la résurrection de son Fils Jésus le Christ. Elle qui s’était entièrement donnée, elle est vraiment comblée par la présence de Dieu, elle vit à jamais dans la lumière du Royaume.

Marie, qui as donné au monde ton Fils,
Marie, qui as suivi le chemin de la Croix,
Marie, qui étais au milieu des disciples en prière au Cénacle,
Marie, qui as connu les débuts de l’Eglise à la Pentecôte avec la force de l’Esprit,
Marie, qui es Mère de tous les hommes sauvés par le Christ,
Marie, toi qui as entraîné dans ton sillage la bienheureuse Anwarite et tant de saints et de saintes,
nous te saluons aujourd’hui et nous te prions avec confiance:
- dans ta tendresse, intercède pour l’humanité dans sa faiblesse!
- dans ta gloire, assure en nos cœurs l’espérance du salut!
Veille sur tous tes fils et tes filles d’Afrique, o Notre-Dame d’Afrique!

Je veux encore exprimer ma profonde joie pour cette fête historique de la Béatification d’Anwarite Nengapeta, ici dans son Pays, sur la terre Zaïroise où elle a vécu et offert sa vie à Dieu. Je participe à la joie de l’Eglise au Zaïre, de tout le peuple zaïrois, de Son Excellence le Président de la République.

Je sais combien cette Béatification lui tenait à cœur comme à nombreux de ses compatriotes. Gardons en mémoire l’exemple d’Anwarite. C’est sur de tels faits de courage, de fidélité aux engagements, de sainteté, que se construisent l’honneur d’une Nation, sa maturité, sa solidité, son unité, son progrès.

Pour cette grande Nation Zaïroise, je continue à prier et à former mes vœux les plus cordiaux."

Homélie du Pape Saint Jean-Paul II avec la Communauté Diocésaine
Cathédrale de Kinshasa, Solennité de l'Assomption de la Vierge Marie, jeudi, 15 août 1985 - in French & Italian  

"Chers amis,
1. En cette Fête de l’Assomption, après la messe solennelle où, ce matin, j’ai eu la joie de prononcer la béatification de votre sœur Anwarite sur votre terre, je suis heureux de vous rencontrer dans cette cathédrale avec vos évêques.

Je vous salue cordialement, vous tous qui portez la charge d’animer l’évangélisation de ce grand pays, dans la diversité de vos situations et de vos fonctions. Je vous apporte les vœux et les encouragements du successeur de Pierre qui écrivait lui-même aux premiers chrétiens: “Serviteur et Apôtre de Jésus-Christ, je m’adresse à vous, que notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ, dans sa justice, a gratifiés de la foi, précieuse pour vous comme pour nous. Que la grâce et la paix vous soient accordées en abondance par la véritable connaissance de Dieu” (2 Petr. 1, 1-2).

J’apprécie votre désir de placer notre rencontre dans le cadre d’une liturgie de la Parole, culminant par la profession religieuse de plusieurs de vos frères et de vos sœurs. Quel magnifique prolongement de notre célébration de ce matin, sous le patronage de Notre-Dame du Zaïre et de la bienheureuse Anwarite!

2. Nous avons écouté l’Evangile. Je voudrais méditer l’enseignement de cette parabole de Jésus: il l’adresse à ses disciples, à vous-mêmes les agents de l’évangélisation du Zaïre.

Je vous propose de rendre grâce pour les talents qui vous sont confiés par le Seigneur. C’est d’abord votre beau pays où la terre est généreuse. C’est votre vie elle-même. Ce sont vos qualités d’esprit et de cœur. C’est la communauté humaine où vous êtes nés, qui vous a formés, qui vous transmet l’héritage de ses qualités ancestrales, de ses valeurs irremplaçables. C’est la nature de l’homme, c’est toute l’œuvre du Créateur!

Les talents que vous avez reçus, c’est aussi l’inlassable fidélité de Dieu à sa créature, même quand elle se détourne de lui, quand elle dégrade son œuvre, quand elle ne sait plus reconnaître le visage du Père de tout amour. Dieu nous a rejoints, multipliant les alliances avec nous. Au temps accompli, il nous a envoyé son propre Fils, qui a livré sa vie pour nous rassembler en son amour. Il nous a appelés à porter au monde sa parole d’espérance, à constituer son Eglise, son peuple.

Devant notre Créateur et notre Sauveur, qui nous confie tant de vraies richesses, nous sommes les serviteurs heureux de les faire fructifier.

3. Et c’est notre responsabilité, la parole dit aussi cela, de ne pas laisser les talents enfouis. C’est notre dignité que le Maître compte sur nous pour participer à son œuvre créatrice et salvatrice. Certes, chacun d’entre nous n’est qu’un modeste bâtisseur qui peinerait en vain si le Seigneur ne donnait à l’édifice sa solidité et à la communauté sa vitalité (Cfr. Ps. 127 (126), 1). Mais il nous veut responsables au point que notre propre vie éternelle soit engagée par la réponse que nous donnons à sa confiance. La parabole des talents nous empêche d’oublier la gravité de nos refus.

Frères et Sœurs, je vous redis de la part du Seigneur: soyez des serviteurs bons et fidèles. Pour que le trésor fructifie, il vous est demandé d’employer vos capacités, chacun selon son rôle propre, à faire découvrir le plan de Dieu à vos frères. A temps et à contretemps, portez la parole de vérité et d’espérance. Allez dire à vos frères: “Nous avons trouvé le Messie!” (Io. 1, 41). “De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit; et apprenez-leur à garder tous mes commandements”: vous pouvez accomplir la mission que donne le Ressuscité, car elle est sure sa promesse: “Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde” (Matth. 28, 19-20). Partagez l’amour dont vous êtes aimés! Edifiez le Temple spirituel (Cfr. 1 Petr. 2, 5).

Je sais que vous pouvez être las, et tentés de prendre d’autres routes que la voie où le Seigneur vous a appelés. Je sais quelles contradictions vous rencontrez dans un monde indifférent et parfois hostile au message dont vous êtes les porteurs. Mais ne vous découragez pas. Ecoutez Jésus vous dire: “Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume” (Luc. 12, 32).

4. Il est heureux que soient réunis ici prêtres, religieux et laïcs, car c’est bien à la même tache que vous êtes occupés. La diversité de vos rôles contribue à une œuvre unique, comme des membres différents forment un même corps. Pour que fructifie dans cette terre du Zaïre l’admirable talent que constitue la fondation de l’Eglise, tous unissent leurs efforts, qu’ils soient nés dans ce pays ou qu’ils soient venus d’ailleurs, qu’ils soient des ministres ordonnés, des hommes et des femmes consacrés ou des laïcs engagés.

Conduits par la parole de Dieu, assurés par la présence du Seigneur, vous permettez la féconde rencontre de l’homme africain avec l’Evangile. L’inculturation, si on l’entend bien, c’est la croissance de l’Eglise sur ce sol, c’est la forme concrète de l’Alliance entre Dieu et les hommes, en ce lieu et en ce temps. C’est l’accueil de la vérité universelle par une communauté humaine douée de sa sensibilité particulière, formée par sa longue recherche du sens de la vie. Ainsi grandit la plante, elle devient l’arbre “qui étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre” (Marc. 5, 32).

L’Alliance de Dieu avec les hommes, souvenons-nous toujours qu’elle résulte de l’initiative du Créateur et Sauveur. La fidélité du peuple à son Seigneur suppose une humble ouverture au message évangélique, qui ne lui appartient pas en propre, et l’observation de règles de vie essentielles. Mettre en œuvre l’Alliance pour bâtir l’Eglise, cela exige de notre part l’adhésion aux valeurs qu’exprime l’Evangile et qui ont été vécues universellement par l’Eglise au cours des siècles. Vos tâches d’animation de la communauté, de formation, de prédication, de soutien, contribuent à éclairer vos frères et vos sœurs pour qu’ils conduisent leur vie dans l’esprit de la morale chrétienne.

5. Parmi les domaines nombreux où vous travaillez, je voudrais en évoquer quelques-uns seulement, en peu de mots, à cause de leur importance particulière pour que la dignité de la personne humaine soit respectée dans la vie sociale comme dans les décisions de chacun individuellement.

Je pense d’abord aux familles, à la sainteté du mariage. Aidez les jeunes à préparer lucidement leurs engagements, pour que la fidélité de leur amour reflète celle de Dieu même. Que les époux soient assez généreux pour que leur couple soit stable, heureux, constitue un milieu favorable à l’épanouissement de leurs enfants. Vous connaissez la doctrine de l’Eglise. Faites tout pour qu’elle soit comprise et suivie.

Beaucoup d’entre vous ont des responsabilités éducatives et je sais combien l’Eglise s’emploie à aider les jeunes pour qu’ils soient bien préparés à entrer dans la vie active et à faire face, avec maturité et avec le maximum de compétence, aux grandes difficultés qui les attendent inévitablement. Soutenez leur foi, aidez-le à trouver le sens de leur vie et à discerner leur vocation, sous la lumière de l’Evangile et dans l’esprit communautaire auquel la tradition africaine peut si bien les disposer.

D’autres assurent de nombreux services en faveur de la santé. Qu’ils soient encouragés par l’attention privilégiée que le Seigneur a toujours manifestée aux malades. Contribuer à initier le plus grand nombre de personnes aux soins de santé et accompagner ceux qui souffrent, c’est une oeuvre noble où l’Eglise a toujours reconnu l’exercice d’un authentique amour du prochain.

Dans la communauté nationale, tout ce qui relève du développement constitue aussi un devoir. En y prenant part, les chrétiens entrent dans le plan créateur, ils répondent à la parole du Seigneur qui confie la terre à l’homme, dès les origines, pour qu’il puisse en vivre (Cfr. Gen. 1, 26-29). La participation au développement est nécessaire; je sais que vous vous y dévouez avec le souci de la justice et de l’harmonie dans la société et, notamment, que vous soutenez les plus démunis et que vous vous préoccupez de l’emploi des jeunes.

6. Chers amis, qui assumez bien des responsabilités parmi les chrétiens du Zaïre, votre vocation vous a amenés à prendre en charge des “talents” confiés par le Seigneur. Prêtres, religieux et laïcs engagés, c’est une grâce de pouvoir répondre généreusement à cet appel. Pour que vous soyez, au long des années, les serviteurs bons et fidèles du Christ, je vous encourage vivement à unifier dans votre vie personnelle votre engagement actif et dévoué avec la vie de prière et avec la culture intellectuelle.

Suivant votre état de vie et la nature de votre tache, bien sur, le type de formation varie. Mais c’est à tous que j’adresse une pressante invitation. Vous atteindrez votre équilibre et vous serez heureux, si vous ne cessez d’approfondir votre vie spirituelle, d’étudier la parole de Dieu et la doctrine de l’Eglise, tout en progressant dans la maîtrise des techniques très diverses qui sont utiles à l’exercice de vos fonctions. Et cela, vous y parviendrez d’autant mieux que vous serez ouverts à l’échange fraternel en communauté et aux orientations de vos pasteurs et de vos supérieurs responsables.

En ce qui concerne le sens du message chrétien, il importe de l’envisager dans toute son ampleur, de rechercher une vision d’ensemble sans négliger certains aspects, plus difficiles apparemment, au profit d’autres où l’on retrouve plus spontanément ses propres centres d’intérêt. Le dynamisme généreux de l’évangélisation rejoint mieux son but par une bonne compréhension du contenu du message tout entier, et par la disponibilité spirituelle profonde du messager à la présence du Seigneur qui l’envoie vers ses frères.

Chers Frères et Sœurs, c’est à vous tous ensemble que je me suis adressé, car vous êtes les agents de la même évangélisation.

L’Eglise compte à un titre particulier sur le rôle propre des laïcs au cœur du monde, et sur ceux qui, à plein temps et à temps partiel, s’engagent dans des taches essentielles avec un immense dévouement, pour la catéchèse, la liturgie, l’animation de groupes de prière et d’autres mouvements, pour les services caritatifs.

7. A présent, je voudrais dire aux prêtres, qui participent au sacerdoce plénier de leur évêque, combien j’estime leur désintéressement personnel dans leur ministère. Les prêtres diocésains nés ici, les prêtres qui font partie des Instituts missionnaires internationaux et ceux qui sont venus au titre de “fidei donum” assurent ensemble un service primordial. Il leur est beaucoup demandé, car le talent qui leur est confié, c’est le sacerdoce institué par le Christ la veille de sa Passion. Par eux, le Seigneur rassemble les siens, car il les envoie pour être les pasteurs de son troupeau. Par eux, la grâce de la présence réelle du Sauveur est offerte à tous. Par leur sacerdoce, l’Eglise enracinée en tel lieu particulier est unie à celle du diocèse et à l’Eglise universelle qui est le grand Corps du Christ, unique dans le monde. Par leur participation au sacerdoce du Christ, ils manifestent que la communauté ne tire pas elle-même ce qui la fait vivre, mais qu’elle le reçoit comme un don.

Prêtres, mes frères, comme successeur de Pierre, je viens vous encourager. Vous avez une charge exigeante qui demande la disponibilité de toute votre vie, de tout votre cœur. Je prie pour que le Seigneur vous rende heureux dans ce ministère sacerdotal où vous êtes les serviteurs des serviteurs de Dieu, à la suite du Christ Jésus qui, en nous aimant jusqu’au bout, a pris au milieu de nous la place de celui qui sert .

8. Cette journée est particulièrement marquante pour vous, chers Frères et Sœurs engagés dans la vie religieuse. Ce matin, nous avons évoqué et célébré votre bienheureuse sœur Anwarite. Maintenant, au milieu de cette grande assemblée pastorale, un groupe de frères et de sœurs prend à son tour la route de l’engagement.

Anwarite a répondu totalement à sa vocation. Nous la voyons donner sa vie par fidélité au Seigneur à qui elle a offert sa chasteté, son obéissance et sa pauvreté. Elle resplendit comme un signe éclatant au cœur de vos communautés, au centre de l’Eglise au Zaïre. Votre vocation, c’est d’être, vous aussi, le signe que le service du Seigneur et de ses frères est une valeur fondamentale, à tel point que des hommes et des femmes y consacrent toute leur vie, toute leur énergie, tout leur amour. Quelques mois avant son martyre, un jour de récollection, Anwarite avait écrit l’essentiel dans son carnet personnel: “Notre vocation, c’est l’amour. Servir Dieu. Le Seigneur Jésus, quand il nous a appelées, nous demanda le sacrifice: le sacrifice des choses de ce monde, le sacrifice de l’amour humain, le sacrifice de notre personne elle-même”.

Eclairés par la fidélité d’Anwarite, tous les religieux et toutes les religieuses, toutes les personnes consacrées vivant dans ce pays renouvellent leur engagement sans réserve à la suite du Christ. Tous s’unissent dans la louange du Seigneur. Et je pense particulièrement aux monastères contemplatifs qui sont des témoins privilégiés de la vie offerte à Dieu dans l’Eglise.

Chers frères et chères sœurs qui allez prononcer aujourd’hui devant Dieu vos premiers vœux, chères Sœurs qui allez faire la profession de vœux perpétuels et qui serez consacrées au Seigneur, sachez qu’avec vos Supérieures, le pape, vos évêques et toute la communauté vous encouragent et vous disent leur reconnaissance pour votre disponibilité. Dans vos Instituts, vous engagez toute votre personne pour Dieu. Le peuple de Dieu tout entier compte sur votre fidélité, sur l’entraînement de votre exemple et sur votre prière. L’Eglise compte sur les services auxquels vous vous dévouez au long des années, notamment pour les plus pauvres, pour ceux qui attendent qu’on leur fasse entendre et comprendre la Parole de Dieu, pour les communautés qui ont besoin d’être animées et soutenues par les permanents que vous êtes.

Vous offrant à Dieu, vous promettez de vivre pauvres, chastes et obéissantes. Les renoncements nécessaires, qu’ils soient pour vous une joie, car ils sont des signes d’amour vrai. Pour le sacrifice que vous consentez, la force de l’Esprit Saint ne vous manquera pas: Il vous permettra de l’accomplir avec Jésus dans l’Alliance nouvelle et éternelle. Pour vous sœurs professes, vos supérieures vont vous remettre un anneau que je bénis, qu’il soit le signe de votre union, sans réserve, au Dieu fidèle, dans la communauté de vos sœurs. L’Eglise entière, avec les saints que nous allons invoquer, prie pour votre fidélité à vos engagements.

Prêtres, laïcs, religieux et religieuses, entourant ces nouveaux profès et ces nouvelles professes, rendons grâce au Seigneur!

Que Notre-Dame du Zaïre vous soutienne de sa maternelle intercession!
Et que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi!
Que l’exemple d’Anwarite reste pour vous un signe indélébile. Amen."

Discours du Pape St Jean-Paul II avec le Président de la République
et Les Corps Constitués, Kinshasa, jeudi, 15 août 1985 - in French, Italian & Spanish

"Monsieur le Président de la République, Excellences, Mesdames, Messieurs,
1. En cette belle journée de fête où il m’est donné de retrouver la communauté catholique du Zaïre, je suis heureux d’avoir pu venir ici saluer les plus hautes personnalités de ce pays. Je tiens à remercier d’abord Son Excellence Monsieur le Président de la République pour son accueil chaleureux et pour les paroles qu’il vient de m’adresser avec une déférence et une délicatesse qui me touchent profondément. La présence des membres du Gouvernement et de nombreux représentants des Corps constitués m’honore, je voudrais leur exprimer de tout cœur ma reconnaissance.

En vous, Mesdames et Messieurs, je voudrais saluer toute la nation zaïroise et dire mon estime pour ce grand pays qui vient de fêter 25 années de son indépendance. Au cours de cette période, en surmontant bien des difficultés et des épreuves, le Zaïre a pu affermir sa personnalité de pays respecté par ses pairs et accomplir maint progrès. Vous avez consolidé l’unité d’un pays aux vastes dimensions et à la grande diversité humaine et naturelle. Très vivement, je souhaite à tous vos compatriotes la prospérité commune qui permette le bonheur de chacun.

2. En vous rencontrant, vous qui exercez tant de responsabilités, je voudrais exprimer quelques réflexion sur les taches qui concourent au bien commun de la société. Au regard de l’Eglise, cela présente un intérêt constant. Assurément, comme telle, l’Eglise n’a aucune prétention à intervenir dans les fonctions de gouvernement et d’arbitrage qui reviennent aux pouvoirs publics. Cependant elle considère qu’il relève de sa mission de réfléchir sur tout ce qui fait le bien de l’humanité. C’est dans cet esprit qu’elle joue un rôle spécifique dans la communauté internationale, et c’est dans cet esprit que la conscience de chaque chrétien se sent engagée dans la vie de la nation à laquelle il appartient.

En effet, comme je l’ai mainte fois souligné, à la suite de mes prédécesseurs, c’est l’homme lui-même qui se trouve au centre des préoccupations de l’Eglise. L’homme dans toutes ses dimensions, l’homme qui désire son épanouissement et sa responsabilité, l’homme qui aspire à devenir toujours plus libre par rapport aux entraves et aux épreuves qui l’empêchent d’être heureux, l’homme qui, par sa nature même, recherche une vie fraternelle et paisible dans la société. Les chrétiens sont convaincus que la terre nourricière est donnée aux hommes pour qu’ils bâtissent une cité où, avec intelligence et avec cœur, ils puissent développer pleinement leur vocation spirituelle. Disant cela, je pressens que ces affirmations chrétiennes s’accordent avec quelques-uns des traits les plus vifs de l’âme africaine, comme le respect du sol où l’on n’ait, le sens de la convivialité, une ouverture spirituelle spontanée et profonde.

3. Mesdames et Messieurs, dans l’objectif premier que je viens de rappeler simplement, celui de permettre à l’homme son épanouissement plénier dans la société, se trouve le point de convergence et la réelle raison d’être de toutes vos taches et de l’autorité qui vous revient. Je ne saurais en dresser un tableau complet, mais je voudrais en mentionner quelques-unes qui présentent un intérêt particulier.

Je pense en premier lieu à tout ce qui est impliqué dans la conception d’un système éducatif. La jeunesse, nombreuse dans vos régions, mérite de se voir offrir le maximum de chances pour prendre prochainement en charge sa propre vie et toute la vie sociale. Les formations, offertes au plus grand nombre, s’équilibrent en alliant la transmission du patrimoine culturel et spirituel des pères - dont je sais combien vous tenez à garder la substance -, avec l’initiation nu savoir et aux techniques nécessaires à la vie moderne. Et il importe qu’une génération motivée et compétente ouvre la suivante aux plus saines règles de vie, à la conscience professionnelle, à l’intégrité, à la recherche inlassable de l’amélioration des relations sociales. Ainsi, la tentation du fatalisme ou la crainte de l’échec ne paralysent pas les jeunes prêts à les surmonter.

Vous avez à cœur aussi de développer ce qu’on peut appeler un sens social ou un sens communautaire à tous les niveaux de l’activité de la nation. L’économie, l’organisation de la vie publique prennent toute leur valeur lorsqu’elles sont mises au service de l’homme, au service de l’ensemble des hommes. Une juste répartition des ressources et des responsabilité, la liberté d’initiative, contribuent à ce que tous vivent dans la dignité. La promotion de la femme, épouse, mère et citoyenne à part entière, souligne la maturité d’une société. La solidarité à l’égard des plus démunis, des malades, des handicapés, des personnes âgées, honore la nation qui l’exerce avec respect.

Les conditions de vie dépendent de plus en plus de la régulation assurée par les responsables nationaux. Ainsi, équilibrer les activités industrielles, agricoles et tertiaires, éviter les excès d’une urbanisation qui créent le malheur d’une trop grande partie de la population, permettre aux ruraux de cultiver la terre sans être défavorisés, tout cela représente des soucis exigeants. Cela suppose aussi des prévisions à long terme, concertées avec sagesse. Cela entraîne des investissements considérables, dans un vaste territoire comme le votre, pour développer tous les types de moyens de communication. Et, dans un autre ordre d’idées, ces objectifs deviennent plus accessibles lorsque prévaut une stricte rectitude dans l’exercice de la fonction publique lorsque de justes arbitrages règlent les conflits qui surviennent.

Mesdames et Messieurs, en évoquant sommairement tant d’aspects de l’action que poursuivent les responsables de la vie publique, je ne minimise nullement les grandes difficultés que vous rencontrez pour les atteindre, mais je sais que je rejoins vos intentions. Et j’espère que la génération présente progressera dans toutes ces directions malgré les dures conditions dans lesquelles la placent un développement encore insuffisant et les circonstances inégales et souvent défavorables régnant actuellement dans le monde. Je puis dire que les chrétiens ont à cœur de prendre activement leur part des efforts nécessaires; ils sont généreusement disposés à contribuer au développement harmonieux de leur pays.

4. Sur les préoccupations, souvent graves, qu’inspire l’état du monde, j’ai eu souvent l’occasion de m’exprimer; je l’ai fait tout récemment, au cours de ce voyage, au Cameroun devant les représentants du Corps Diplomatique, et je le ferai prochainement au Kenya, devant l’UNEP. Aussi m’en tiendrai-je ce soir à quelques réflexions qui me paraissent essentielles.

Les conditions présentes qui affectent toutes les sociétés, et particulièrement en Afrique, sont d’une extraordinaire complexité. Le facteur le plus apparent, c’est, depuis un siècle, la rencontre des cultures originales des peuples avec l’apport de la société occidentale. Une transformation considérable s’est produite qui parait irréversible à bien des égards La civilisation technicienne qui a fait irruption dans l’existence des peuples, l’exploitation des richesses du sol, la juxtaposition de modes de vie différents, l’extension des voyages et de tous les moyens de communication, une éducation d’inspiration étrangère, des conditions nouvelles de la santé avec leurs conséquences démographiques, tous ces facteurs, intervenus non sans violence parfois, ont contribué à établir un rapport complexe entre les peuples des divers continents. Dans les domaines intellectuel, économique et politique, désormais, il existe des relations dont l’expression sur le plan des institutions et des accords ne constitue qu’un aspect plus visible de ce qui touche en réalité la vie de chaque personne.

Par ces considérations, je désire simplement rappeler l’enjeu réel de la vie internationale. Les dernières générations ont parcouru, partout dans le monde, une évolution rapide. Tous connaissent la criante inégalité des chances, qui apparaît au grand jour. Les puissances ne parviennent pas à résoudre leurs conflits; elles y entraînent les peuples moins développés au prix de luttes trop souvent meurtrières. Ce qui pouvait représenter des échanges bénéfiques pour tous se trouve grevé par l’exploitation désordonnée des richesses naturelles, par des atteintes aux droits fondamentaux des hommes et au respect de leur héritage culturel propre. Et comment ne pas déplorer les contradictions qui se manifestent bien des fois entre des déclarations d’intentions généreuses et la réalité de l’action intéressée!

5. Mesdames et Messieurs, si l’on doit à la vérité de reconnaître ce qui pèse lourdement sur la vie des peuples qui aspirent à une prospérité partagée et à la paix, il faut aussi relever les signes d’espérance. Il n’est pas vain que les nations se rencontrent et débattent des obstacles qu’elles trouvent sur leur chemin. Il n’est pas vain que le dialogue international se poursuive dans le cadre des grandes institutions. Il n’est pas vain que beaucoup d’hommes, de part et d’autre, se dévouent sincèrement aux grandes causes de la solidarité.

Il est possible de rechercher un équilibre nouveau entre les peuples de la terre. C’est la tache des dirigeants d’animer cette action, mais en tenant compte du fait qu’elle implique beaucoup d’autres personnes représentatives. Il faut accueillir comme une chance que les échanges deviennent constants entre les intellectuels et les savants, les travailleurs sociaux, les économistes, les responsables spirituels. On peut espérer et pressentir que les influences deviendront davantage réciproques, que les cultures diverses seront plus respectées et qu’elles s’enrichiront mutuellement, que, d’un bout du monde à l’autre, on entendra l’appel des hommes à voir reconnue leur dignité. Sans se lasser, que ceux qui représentent les pouvoirs publics agissent avec ceux qui expriment les aspirations de leurs concitoyens dans tous les domaines!

Notre génération, marquée par la terrible blessure d’une guerre mondiale et par ses suites, sait bien que l’humanité doit se concerter, s’unir. Elle ne veut pas céder au découragement devant les échecs de visions généreuses qui ont pu avoir la figure de l’utopie. Nous sommes à l’époque où chacun doit et peut jouer son rôle dans l’ensemble des nations. Il devient manifeste que l’équilibre du monde s’établit par l’activité concertée des pays qui s’associent dans chaque région et dans chaque continent. Je sais que le Zaïre a le souci de favoriser la concertation des Africains et qu’il coopère avec les pays voisins dans plusieurs regroupements pour promouvoir la mise en valeur des territoires et une meilleure utilisation de ses ressources propres.

Ce sont là des signes encourageants. Il en est bien d’autres; pour ne prendre qu’un exemple, je mentionnerai les réflexions communes des intellectuels africains soucieux d’envisager positivement l’avenir et d’assurer le dialogue équilibré et compétent, indispensable à la rencontre bénéfique des cultures, à une maîtrise des techniques et du savoir favorables au développement.

La charge qui incombe aux responsables du bien commun, est lourde et grave car elle est un service essentiel de l’homme, elle touche au respect de sa vie et de ses droits fondamentaux, elle ne peut se séparer d’une juste éthique. Mon vœu profond est que tous, avec la confiance de leurs concitoyens, puissent déployer les meilleurs efforts pour qu’en toute circonstance l’existence des hommes soit rendue plus conforme à la dignité et au bonheur que Dieu lui-même veut pour eux.

Que Dieu bénisse votre pays et tous ceux qui coopèrent à son progrès, je l’ai dit avec un sentiment tout a fait spécial, au jour où il m’a été donné d’élever aux honneurs des autels, votre concitoyenne, vierge martyre, la bienheureuse Anwarite Nengapeta. Je vous félicite tous, non seulement l’Eglise et les catholiques du Zaïre mais vous tous Zaïrois par cet événement historique d’un grand relief spirituel."

Discours du Pape Saint Jean-Paul II à la Conférence Episcopale 
Kinshasa, Solennité de l'Assomption de la Vierge Marie, jeudi, 15 août 1985 - in French & Italian  

"Chers Frères dans l’épiscopat,
1. Notre rencontre couronne une journée véritablement historique pour l’Eglise au Zaïre. Je suis heureux de passer cette soirée avec vous, pour partager l’action de grâce des Pasteurs devant le don de Dieu manifesté par la béatification de votre sœur Marie-Clémentine Anwarite.

Votre Président, Monseigneur Monsengwo Pasinya, vient de dire votre joie fervente; je le remercie de ces paroles prononcées en votre nom à tous et je vous assure que je communie profondément à l’allégresse de ce jour où la bienheureuse Anwarite nous confirme dans l’espérance.

2. Oui, la première zaïroise élevée sur les autels nous inspire une profonde action de grâce. Voici présenté au regard de ses frères et de ses sœurs le fruit admirable du baptême de ce peuple. Voici qu’au terme de plus d’un siècle de patients efforts des bâtisseurs, l’édifice de l’Eglise sur cette terre se trouve consolidé. Les travaux de l’évangélisation, accomplis dans la patience et une générosité surnaturelle par tant d’hommes et de femmes venus d’ailleurs, aboutissent à la vitalité d’une communauté au sein de laquelle le Seigneur a appelé ses pasteurs. De grand cœur je m’associe à l’hommage que vous avez rendu aux missionnaires pionniers venus de loin et j’apprécie votre détermination à unir dans le même corps d’ouvriers apostoliques prêtres, religieux et religieuses, Africains ou non, car ils servent l’unique Seigneur et Sauveur Jésus Christ. N’est-il pas impressionnant qu’Anwarite ait été guidée dans la vie religieuse successivement par une maîtresse des novices venue de Belgique, puis par une supérieure originaire de son pays, tandis qu’un évêque missionnaire, qui la conseillait et l’écoutait avec confiance, fut dessaisi de sa propre vie quelques jours avant elle!

Toute proche des générations présentes, cette humble religieuse de la Jamaa Takatifu prend au cœur de son peuple le relais des saints qu’elle-même vénérait. Par sa vie religieuse équilibrée et généreuse, par sa fidélité jusqu’à la mort à la virginité offerte au Seigneur, Anwarite est parmi vous un signe providentiel de la présence de Dieu dans son Eglise: elle témoigne de la grandeur de la foi, elle montre quelle admirable transfiguration la grâce de Dieu accomplit dans l’être humain qui lui est uni dans le saint baptême. Ensevelie avec le Christ dans la mort et entrée avec lui dans la vie nouvelle de son Règne, puise-t-elle entraîner ses frères et ses sœurs dans son sillage de sainteté! Puisse cette martyre, élue de Dieu, rayonner vivement sa lumière sur tous vos diocèses!

3. Parmi vous, Anwarite rend particulièrement présent cet appel universel à la sainteté que déjà, lors du centenaire de l’évangélisation du Zaïre, nous avions médité. Vous vous rappelez sans doute souvent ce moment émouvant de votre ordination épiscopale où l’on invoque les saints Apôtres, Ses martyrs et tous les saints de l’histoire en faveur de celui qui, prostré à terre, se dispose à être chargé de la plénitude du sacerdoce. Evêques, nous sommes les premiers appelés à conduire le peuple de Dieu sur les routes de la sainteté; nous sommes nous mêmes appelés à nous conformer à la sainteté de l’Esprit qui consacre tout notre être. Que notre prière, que toute notre vie s’inspire de l’ardeur de l’Apôtre Paul, impatient de s’engager tout entier dans l’imitation du Christ: “Le connaître, lui avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d’entre les morts. Non que je sois déjà parvenu au but, ni devenu parfait; mais je poursuis ma course pour tacher de saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus” (Phil. 3, 10-12).

Pasteurs, nous le sommes à la suite du Bon Pasteur qui “donne sa vie pour ses brebis” (Io. 10, 11), “avec la sainteté et la pureté qui viennent de Dieu” (2 Cor. 1, 12). Nous confions à l’intercession d’Anwarite, fidèle jusqu’à l’extrême, la sanctification de ceux qui ont reçu mission d’être pour son peuple les médiateurs de la sainteté qui vient de Dieu. Et, en ce jour de son Assomption, nous invoquons Marie, Mère de l’Eglise, à qui Jésus sur la croix a dit que nous étions ses fils; assurés de son appui, nous pouvons porter notre charge dans la paix.

4. Investi de la plénitude du sacerdoce, évêque accomplit l’acte central de sa mission lorsqu’il célèbre le sacrifice du Christ. Officiant majeur de l’Eglise locale, il lui est donné en vérité d’agir in persona Christi. Prêtre participant au sacerdoce du Christ, il unit son peuple au sacrifice et à l’action de grâce de Jésus, livrant tout son être au Père pour que la multitude soit réconciliée et sauvée. Successeur des Apôtres, évêque est celui qui permet à la communauté diocésaine de communier au pain de vie, d’être nourrie du Corps du Seigneur et ainsi intégrée à ce Corps unique aux membres innombrables dont le Christ est la Tète.

L’Eucharistie et l’ensemble des sacrements constituent le centre du service sacerdotal. Ils sont les signes véritables qui portent la vivante présence du Seigneur. Célébrer le baptême, la confirmation, la réconciliation, qui disposent les chrétiens à participer pleinement à l’Eucharistie, - sanctifier les couples par le mariage, réconforter les malades par la grâce de l’onction, - tous ces actes mettent en oeuvre les dons de la sainteté confiés par le Christ à son Eglise. C’est une tache admirable que de permettre aux fidèles la rencontre du Seigneur dans la liturgie sacramentelle. Il appartient d’abord à l’évêque d’aider les chrétiens à recevoir les sacrements et la liturgie de l’Eglise dans la fidélité à leur institution et aussi dans la beauté de la prière exprimée par le peuple avec toutes les richesses de son âme. La sainte liturgie est comme le nœud qui relie toutes les lignes diverses de l’action pastorale; car les sacrements jalonnent et réunissent les routes de la sainteté.

5. Votre ministère d’évêques se prolonge dans celui des prêtres qui y participent par l’ordination que vous avez la charge de leur conférer. Avec vous, ils assurent la cohésion de la communauté diocésaine, ils font entendre le même appel à la sainteté, ils préparent et permettent la rencontre des fidèles avec le Seigneur. Leur lien avec vous est fort, car c’est vous qui les envoyez en mission avec l’autorité dont vous êtes investis. Aussi est-ce une des premières et des plus belles taches de l’évêque que d’assurer l’unité du presbyterium, dans sa légitime diversité. La solidarité spirituelle se prolonge tout naturellement dans des relations humaines confiantes qui représentent un soutien nécessaire pour des prêtres qui ont une tache ardue. L’appui qu’ils trouvent auprès de leur évêque les rend libres et disponibles pour être eux-mêmes les pasteurs dévoués et les évangélisateurs assidus de la communauté où ils sont envoyés.

Il vous appartient de veiller comme un père à ce que les prêtres demeurent fidèles à leurs engagements, qu’ils disposent des moyens de ressourcement spirituel et intellectuel leur permettant d’avancer sans cesse dans le service désintéressé du Seigneur et de leurs frères. Dans votre pays, des jeunes nombreux répondent actuellement à la vocation au sacerdoce, et c’est un signe positif de vitalité de l’Eglise. Je sais les efforts que vous déployez pour opérer le discernement nécessaire et prévoir une formation solide. Vous qui avez la responsabilité de l’appel au sacerdoce, vous savez qu’il n’est rien de plus utile que de soutenir les candidats dans un approfondissement spirituel nourri par la prière, pour qu’ils assimilent une bonne synthèse du message évangélique éclairé par la Tradition de toute l’Eglise, pour qu’une vie exigeante les prépare aux renoncements nécessaires à leur fidélité. Le peuple de Dieu mérite des prêtres qui mettent en œuvre généreusement dans leur propre vie ce qu’ils accomplissent dans leur ministère, comme le demande le rituel de l’ordination.

6. Comment ne pas évoquer aussi votre responsabilité auprès des religieux et des religieuses, alors que nous venons de vivre la béatification d’Anwarite! Les personnes consacrées donnent un témoignage irremplaçable de la primauté de la prière, de la valeur de la virginité, du prix de la vie communautaire, du dévouement à l’Eglise, de la disponibilité à l’entraide vis-à-vis des plus pauvres et des plus désorientés des hommes. Tous et toutes manifestent par leur vie offerte et désintéressée la beauté de l’appel du Seigneur, les uns se vouant davantage au service de la louange et de l’intercession dans des monastères rayonnants, d’autres en faisant la part plus large aux services souvent humbles et discrets de la charité et de l’éducation. En respectant les charismes et les structures propres des instituts, à la suite des évêques fondateurs que vous avez vous-mêmes évoqués, veillez à ce que les religieux et les religieuses reçoivent tout l’appui spirituel et toute la formation qui peuvent leur permettre de répondre, par toute leur vie donnée sans partage, à la grandeur des vœux par lesquels ils se sont engagés envers le Seigneur dans l’Eglise.

7. Dans vos communautés diocésaines, les activités, les préoccupations, sont nombreuses. Des animateurs, prêtres, religieux ou laïcs, comme nous les avons rencontrés ensemble cet après midi à la cathédrale, poursuivent des objectifs complémentaires au sein de nombreux groupes ou mouvements. Vous avez exprimé plusieurs de vos soucis pastoraux à cet égard, en mettant en évidence l’étendue de vos responsabilités. Je garde cela très présent à ma pensée. D’ailleurs, nous avions abordé ensemble plusieurs de ces thèmes lors de nos rencontres de travail, il y a deux ans à Rome. Ce soir, je voudrais simplement dire qu’il revient à l’évêque de coordonner tous les efforts et de les orienter vers ce but premier qui est l’unité de toute la vie humaine transfigurée par la lumière de l’Evangile. Que l’on œuvre dans le domaine caritatif que l’on travaille à promouvoir la justice dans la société, que l’on se dévoue pour l’éducation des jeunes, que l’on soutienne la vie des familles, que l’on défende la dignité de toute personne humaine, l’éclairage premier de l’action des chrétiens c’est celui de l’Alliance que Dieu scelle avec les hommes par le don de son Fils, pour que son nom soit sanctifié et pour la sanctification de ceux qu’il aime. La doctrine sociale, la morale familiale, notamment, présentent les exigences nécessaires pour accomplir la volonté de Dieu. On ne peut renoncer à les exposer et à les expliquer, quand on a reconnu la beauté de l’homme uni au Christ qui le rend fort et soutient sa fidélité, à Celui qui est venu au nom du Seigneur pour chercher et sauver ce qui était perdu. “Oui, nous dit saint Paul, cherchez à imiter Dieu, comme des enfants bien-aimés, et suivez la voie de l’amour, à l’exemple du Christ qui nous a aimés et s’est livré pour s’offrant” (Eph. 4. 30-31). grâce mosaïque qu’ils prolongent sa mission dans le monde auprès de ceux qui, grâce à leur parole, croiraient en lui, afin que tous soient un (Cfr. Io. 17, 17-20).

8. Evêques d’aujourd’hui, vous êtes, au nom du Christ, les serviteurs de l’unité de l’Eglise qui poursuit et renouvelle l’œuvre de l’évangélisation. Solidaires de tous les successeurs des Apôtres à travers le monde, unis au successeur de Pierre comme le manifeste notre rencontre de ce soir, c’est votre mission et aussi votre charisme, d’unir l’Eglise qui est au Zaïre avec l’Eglise qui vit dans tous les continents. Votre Eglise a beaucoup reçu. Désormais elle est illuminée et soutenue par la sainteté de la première de ses filles présentée au monde comme un fruit inestimable de sa maturité. A votre Eglise, il est maintenant beaucoup demandé, pour qu’elle suive le Christ avec l’ardeur fidèle qu’Anwarite a montrée en communiant à la passion pour entrer dans la vie bienheureuse des rachetés.

Frères dans l’épiscopat, je prie avec vous pour que le Christ qui vous a choisis vous donne sa joie complète (Cfr. Io. 17, 13). Soyez les disciples porteurs de la Parole sainte, de la bonne nouvelle pour le monde; forts dans la foi, ardents dans la charité, témoins de l’espérance du Royaume à venir, en traversant courageusement les obscurités et les épreuves. Partageant avec vos frères l’inépuisable don de Dieu, soyez heureux de contribuer à la vraie réussite des hommes élevés à la dignité de fils de Dieu, réunis sous un seul chef, le Christ. J’invoque pour vous le Dieu vivant dans son insondable amour trinitaire, le Dieu miséricordieux et fidèle, pour qu’il vous comble de ses Bénédictions."

Homélie du Pape Saint Jean-Paul II à la Messe pour la Bienheureuse Marie-Clémentine Anwarite
Lubumbashi, vendredi, 16 août 1985 - in French & Italian

"1. “Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ?” (Rom. 8, 35).

Cette question, saint Paul la pose aux destinataires de sa lettre, les chrétiens de la ville de Rome, à l’époque de Néron.

Et, développant ensuite les idées comprises dans cette question, il évoque tout ce qui menaçait, humainement parlant, ceux qui affirmaient leur foi au Christ dans le monde païen d’alors, hostile à l’Evangile: “La détresse? l’angoisse? la persécution? la faim? le dénuement? le danger? le supplice?”.

Même si tout cela nous menace, même si “à cause du Christ” on nous enlève la vie - saint Paul dit “c’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt” -, cependant “en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés”!

Donc, “rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur” (Rom. 8, 35-39).

2. Ces paroles ont été écrites à l’époque romaine, quand ceux qui se proclamaient les disciples du Christ se sont trouvés soumis à une grande épreuve de leur foi et de leur amour pour le Sauveur.

Quand nous relisons aujourd’hui les mêmes paroles à Lubumbashi, au lendemain de la béatification de la bienheureuse Anwarite, elles ont une autre portée qu’au temps de Néron, mais il y a des ressemblances.

Devant la menace de mort, Anwarite devait se poser la même question:

“Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ?”.

“La mort?”.

“Ni la mort ni la vie . . . ni aucune créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ”.

Avec tant d’hommes et de femmes qui ont donné à l’Epoux divin le témoignage définitif, en tous les temps, sur tous les continents, Anwarite pouvait dire: “En tout ceci nous sommes les grands vainqueurs grâce à Celui qui nous a aimés”.

Aujourd’hui, c’est une jeune fille du Haut Zaïre qui témoigne de la foi en Jésus Christ. Elle a consacré sa vie à l’Epoux divin et elle a été fidèle jusqu’à la mort.

Son témoignage, porteur de fidélité jusqu’au martyr, avec la motivation purement, explicitement, religieuse, a fait que l’attention de l’Eglise et du peuple zaïrois, a été spécialement fixée sur l’examen de son cas, en vue de la béatification pour proposer son exemple aux fidèles.

On ne peut pas oublier beaucoup d’autres victimes de la violence injuste et de la guerre en ce pays même et ailleurs dont les mérites sont connus de Dieu. Je pense notamment aux prêtres, religieux, religieuses et laïques qui ont témoigné d’un grand courage dans le don d’eux-mêmes au service de leur prochain et dans l’attachement à leur foi ou aux exigences de leur vie chrétienne au risque de leur propre vie. La lumière qui émane de la Bienheureuse Anwarite rejaillit sur leur sacrifice. Nous les englobons dans notre souvenir reconnaissant et dans la prière que nous élevons aussi pour leurs amis et leur communauté.

Anwarite est proche de nous, car elle est née il y a 44 ans. Sa famille, ses sœurs vivent toujours dans ce pays. La foi de l’enfant, attirée tôt par la vie religieuse, n’avait cessé de s’approfondir, en même temps qu’elle découvrait les exigences des services apostoliques et celles de la vie religieuse. Nous l’admirons particulièrement car rien d’autre ne la distingue que sa fidélité simple, inspirée par la foi et l’amour du Christ, au don total d’elle-même. N’est-il pas émouvant que les derniers mots qu’elle ait notés sur son carnet, le jour du martyre, soient: “Notre témoignage de pureté de cœur?”.

3. Comme la propose la liturgie, avec Anwarite et pour elle, nous rendons grâce en reprenant la prière de Ben Sirac le Sage:

“Dieu mon Sauveur, je rends grâce à ton nom,
car tu as été pour moi un défenseur et un soutien . . .
Je me suis rappelé à ta miséricorde, Seigneur . . .
et je fis monter de la terre ma prière.
Tu m’as délivré du gouffre profond de la mort,
de la langue venimeuse, et de la parole mensongère.
C’est pourquoi je te rendrai grâce et je te louerai,
et je bénirai le nom du Seigneur” (cf Sir 51, 1-2. 8-9. 5. 12).

Oui, nous redisons cette prière confiante et nous rendons grâce, car la mort n’a pas eu le dernier mot. Anwarite, sans crainte de ceux qui tuent le corps, est accueillie par le Seigneur, qui lui dit: “Tu t’es prononcé pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour toi devant mon Père qui est aux cieux” (cf Mat 28, 32).

Nous reconnaissons en Anwarite un témoin d’une Eglise franchissant alors une grande étape de son histoire. C’était comme le point d’arrivée de la première évangélisation, quand une fille de cette terre la féconda de son sang virginal.

Et dans cet événement, maintenant qu’il est célébré par la béatification d’Anwarite, nous voyons un point de départ. L’Eglise au Zaïre, désormais dirigée par des évêques fils de son peuple, avance vers la maturité de l’évangélisation en profondeur. Les difficultés ne lui seront pas épargnées, la fidélité pourra coûter beaucoup de peines, mais nous demandons au Seigneur qu’il soit votre soutien par la grandeur de sa miséricorde et la gloire de son nom (cf Sir. 51, 2-3), afin qu’ensemble vous puissiez dire vous aussi: “Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur” (Rom. 8, 39).

L’amour vrai qui vient de Dieu, l’amour qu’a vécu votre première Bienheureuse, est nécessaire en ce monde où bien des hommes et des femmes connaissent l’angoisse, le dénouement, la faim et, dans trop de régions du monde, la persécution ou le supplice. Ce monde change. En ce monde, le goût des biens matériels, l’égoïsme, le repli sur soi provoquent le mal de vivre. Qu’Anwarite vous aide, elle qui savait si bien rendre les autres heureux, à vous redonner les uns aux autres la joie de vivre!

4. Frères et Soeurs de Lubumbashi, du Shaba, de tout l’immense Zaïre, le successeur de Pierre désire affermir ses frères comme le Seigneur l’en a chargé, en rendant grâce avec vous pour les dons de Dieu, en priant pour que tous soient de plus en plus fidèles aux appels du Christ. Je suis heureux de célébrer l’Eucharistie avec vous qui accueillez chaleureusement l’Evêque de Rome. Et je salue parmi vous les évêques présents autour de l’Archevêque de Lubumbashi, Monseigneur Kabanga Songasonga, que je remercie des paroles qu’il m’a adressées. Vous constituez une Eglise nombreuse et dynamique. Sa véritable force et sa profonde cohésion viennent de “l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné” (Cfr. ibid. 5, 5). Ce don fondamental, sachez l’accueillir. Laissez-vous conduire par l’Esprit d’amour dans toutes les activités qui constituent la vie de l’Eglise et modèlent son visage! L’unité fraternelle est une base essentielle pour que la Bonne Nouvelle puisse être entendue. C’est la qualité de ce qui est vécu ensemble qui donne au témoignage sa crédibilité. Rappelez-vous toujours que Jésus a dit, la veille de sa mort: “Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres” (Io. 13, 35). On reconnaît la communauté des disciples du Christ au soutien mutuel de ses membres, à leur bienveillance réciproque, à la générosité de leur entraide, à la bonne collaboration entre les laïcs, les religieux et les prêtres, à l’entente entre les générations et entre les personnes d’origines différentes. Pour ce que l’Esprit vous donne d’accomplir en ce sens, nous rendons grâce. Et nous prierons pour que cet amour fraternel dans toute la communauté inspire une action généreuse.

La maturité d’une Eglise unie se reconnaît aux fruits qu’elle porte. Apprécier complètement leur prix, cela relève du jugement de Dieu. Mais nous pouvons en reconnaître des signes. J’en évoque quelques-uns pour vous aider à faire le point.

Le plus visible de ces signes, ce sont les rassemblements d’une Eglise qui célèbre la liturgie. La participation de tous les membres du peuple de Dieu, l’écoute de la Parole de Dieu, l’union autour du célébrant qui préside la prière et offre le sacrifice du Seigneur, l’accueil du Corps du Christ, réellement présent, dans la joie de la communion, la claire solidarité avec toute l’Eglise dans le monde, tout cela exprime la vie intérieure d’une communauté unie. L’authenticité de la célébration est une condition pour que des frères plus nombreux rejoignent les disciples du Christ aujourd’hui. En ce moment le Congrès eucharistique international manifeste toute la portée de la présence et de l’action du Christ Sauveur dans son Eglise. D’ici quelques heures, je serai à Nairobi. Je vous invite à communier par la pensée avec tous ceux qui y sont rassemblés et avec toutes les familles de la terre.

On pourrait connaître la tentation de se replier sur la communauté. Mais, limitée à son propre groupe, elle perdrait évidemment sa raison d’être. Car un amour qui ne se partage pas demeure stérile. Le vigneron de l’Evangile taille les rameaux et, s’ils ne portent pas de fruits, il les coupe (Cfr. ibid. 15, 1-9). Il faut que tous s’interrogent solidairement sur la part de responsabilité qu’ils prennent dans le témoignage de l’Evangile au dehors, auprès de leurs frères qui ne la connaissent pas, ou qui s’en sont éloignés. Une Eglise vivante est missionnaire. Vous le savez, vous qui vous employez à accomplir dans votre société une évangélisation en profondeur.

Un autre signe de maturité encore est la relation vivante de l’Eglise locale avec les communautés des autres pays qui appartiennent au même Corps du Christ. Saint Paul parle des branches greffées sur l’olivier dont la racine est sainte (Cfr. Rom. 11, 16-24). Chaque branche apporte à l’arbre ses propres qualités: celles que vous pouvez donner à l’Eglise universelle sont considérables. Mais la branche s’épanouit vraiment quand elle laisse monter en elle la sève qui vient du Seigneur et quand elle s’intègre à la plante unique. Frères et Sœurs du Zaïre, je sais la vigueur de votre branche; vous en faites bénéficier les Eglises sœurs en ce continent et bien au delà. Faites-le à partir de l’unique sève qui est celle de l’Evangile transmis par les Apôtres et leurs successeurs: ils ont reçu la charge de discerner à chaque époque ce qui l’exprime fidèlement. A l’évêque de Rome revient particulièrement le rôle d’assurer l’unité de toute l’Eglise, à la suite de Pierre.

5. Chers Frères et Sœurs, j’ai évoqué ces aspects de la communauté qui célèbre, qui assume la mission évangélique et qui demeure solidaire de toute l’Eglise. Je voudrais maintenant demander avec vous au Seigneur qu’il fortifie et éclaire toujours plus chacun d’entre vous personnellement dans les différentes actions de sa vie de chrétien.

L’Evangile nous dit que Jésus lui-même priait longuement à toutes les étapes de sa mission. Etes-vous fidèles et disponibles à la prière? Chacun a-t-il à cœur de prolonger la prière commune de la liturgie par une prière personnelle de chaque jour? Rappelez-vous que la bienheureuse Anwarite ne manquait pas d’achever sa journée en priant avec Marie et qu’elle aimait dire le chapelet.

Et dans quel esprit priez-vous? S’agit-il d’obtenir ce que l’on a soi-même décidé ou de se livrer à la volonté de Dieu? S’agit-il d’épancher ses propres sentiments, ou plutôt de se laisser saisir par la Présence et la Parole de Dieu? Est-on disposé aussi, tout simplement, à prendre le temps de partager son expérience spirituelle avec ses frères et, dans les divers groupes, à s’entraîner mutuellement sur les chemins de Dieu? Que l’Esprit de Dieu se joigne à votre esprit pour vous permettre d’approfondir l’expérience de la prière! (Cfr. Rom. 8, 26)

6. En achevant le discours sur la montagne, Jésus déclare: “Il ne suffit pas de me dire: «Seigneur, Seigneur!» pour entrer dans le Royaume des cieux; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux” (Matth. 7, 21). C’est dans tous les domaines que l’action du chrétien doit consister à “faire la volonté de mon Père”. Certains trouvent cela impossible, décourageant ... La loi peut paraître dure ... Mais, lorsque l’on a découvert qu’on est aimé de Dieu, comment ne pas désirer ordonner sa conduite à la lumière de sa Parole, comment ne pas consentir aux exigences de la justice et de l’amour, à celles d’un vrai respect de l’homme qui a la dignité de fils de Dieu? Et si l’on est sincère et humble, comment ne pas admettre que l’Eglise a le devoir d’énoncer les règles morales conformes à l’Evangile? Si la faiblesse, les influences contraires rendent difficile l’observation d’une saine morale, il ne faut pas se décourager: la miséricorde et l’exigence s’accordent dans l’amour unique du Seigneur, le soutien de la grâce ne fait pas défaut à qui l’invoque. Et si quelqu’un tombe, en rupture avec la loi de vie, que ses frères lui tendent la main, et que, surtout, il sache que le Seigneur est prêt à pardonner ceux qui se tournent vers lui. Saint Paul exprime avec force cet aspect du ministère apostolique: “Tout vient de Dieu: il nous a réconciliés avec lui par le Christ, et il nous a donné pour ministère de travailler à cette réconciliation” (2 Cor 5, 18). Sur la voie du bien, les exemples lumineux sont nombreux dans la communauté chrétienne. N’oublions pas la fidélité d’Anwarite! Que Dieu donne à ses sœurs et à ses frères le même courage pour le suivre sur les chemins, rudes mais nobles, qui conduisent à son Royaume!

7. Orienter sa vie selon la loi de Dieu, cela conduit à la générosité plutôt qu’à la recherche de son intérêt propre. C’est respecter la vie et la dignité de tout être humain, c’est rechercher en toute circonstance la justice, assurer les fonctions dont on est chargé avec une stricte intégrité, contribuer à la bonne entente et à la paix entre les groupes. C’est faire un usage avisé des ressources dont le Créateur nous permet de disposer, afin que chacun bénéficie de la juste part qui lui est nécessaire pour vivre convenablement, soigner son corps, développer son intelligence, mettre en oeuvre ses capacités personnelles, assumer ses responsabilités familiales.

Frères et Sœurs chrétiens, que la foi et l’amour, qui sont les bienfaits de Dieu, soient pour vous des raisons de travailler dans la société avec générosité: assumez pleinement votre rôle dans le développement du pays. Soyez porteurs d’espérance, soyez fidèles aux grandes valeurs humaines quand vous contribuez à l’éducation des jeunes, à la construction de la cité dans la paix. Soyez ouverts au dialogue avec ceux qui ne partagent pas votre foi, et avec les chrétiens qui ne se reconnaissent pas dans l’Eglise catholique.

“Vous êtes le sel de la terre” (Mat 5, 13). Par cette parole, Jésus vous charge de faire découvrir à vos frères que lorsqu’on entre dans l’Alliance avec Dieu, l’existence humaine a plus de saveur, c’est-à-dire plus de grandeur et de beauté. L’Evangile que nous portons est comme le sel, ou encore le levain, dans la apte déjà pétrie par toutes les cultures, par toutes les générations. Libres fils de l’Afrique, rendez grâce pour la rencontre des riches héritages de vos peuples avec l’héritage du Fils de Dieu, Lui qui a livré sa vie pour que les hommes de tous les continents deviennent ensemble ses frères!

8. Tout le sens de la vie chrétienne, avec ses exigences et sa joie, nous le voyons accompli avec les saints. En eux, nous glorifions l’œuvre la plus belle de la Création de Dieu, de la Rédemption, de la sainteté communiquée par le Père, le Fils et l’Esprit Saint.

Leur présence est pour nous un grand défi. C’est la vivante expression du défi du Règne de Dieu, adressé aux hommes qui vivent dans ce monde où n’est pas encore édifiée notre demeure définitive.

Voici votre compatriote Anwarite - votre compatriote et votre contemporaine -, elle se présente aujourd’hui devant tout le peuple de cette terre africaine et lui redit les paroles du Christ:

“Celui qui se prononce pour moi devant les hommes,
moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux” (Mat 10, 32).

Avec la première fille du Zaïre élevée sur les autels, nous écoutons avec confiance les paroles exigeantes de notre Rédempteur, avec elle qui n’a pas renié le Seigneur, avec elle que sa fidélité a conduite au sacrifice de sa propre vie. Grâce au témoignage qui nous est donné, peut mûrir en vous la conviction que nous sommes sauvés par le Christ: rien “ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus”!

Bienheureuse Anwarite, notre sœur, obtiens pour nous du Seigneur la grâce d’être à jamais unis en Lui! Amen."